« La confiance est revenue chez nos clients »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): EN 2012, LE GPMMF A ENREGISTRÉ UNE BAISSE DE 3 % à 85,7 MT. UNE ANNÉE MARQUÉE SURTOUT PAR LA BAISSE DU PÉTROLE PUISQUE, A CONTRARIO, LES CONTENEURS AFFICHENT UNE HAUSSE. LES CHIFFRES DES PREMIERS MOIS DE 2013 ONT INVERSÉ CETTE TENDANCE?

JEAN-CLAUDE TERRIER (J.-C.T.):

La situation des trafics à la fin du mois de mai s’inscrit dans la même tendance avec une baisse générale des trafics de 3 % à 34,2 Mt. Les observations que nous avons faites sur les résultats de 2012 continuent leurs effets sur ces premiers mois de 2013. En effet, nous constatons toujours une diminution du trafic des hydrocarbures. À fin mai, ce poste a perdu 7 % à 21,7 Mt. Sur 12 mois glissants, à fin mai, cette baisse s’élève à 9 %. Une baisse qui n’est pas terminée. Nous subissons encore les effets de l’arrêt de l’approvisionnement de la raffinerie de Karlsruhe. Et surtout le marché du pétrole enregistre une baisse globale. Ces constatations se répercutent directement dans nos chiffres. Le pétrole brut en provenance de l’étranger affiche une diminution de 64 % à 1,1 Mt. Les produits raffinés sont sur la même tendance avec une diminution de leur volume. Les pays producteurs raffinent leur brut localement mais les lots pour l’export de ces produits raffinés se font généralement avec des unités de petite taille. Ils fréquentent donc d’autres ports que le nôtre. Nous sommes dans une phase transitoire. Marseille-Fos pourra redevenir un port d’hydrocarbures ultérieurement. Quant aux autres vracs liquides, ils souffrent aussi. Le gaz, soit GPL soit GNL, est en repli tout comme les vracs chimiques et alimentaires qui perdent 8 % à 1,3 Mt. Pour les vracs chimiques, nous constatons un retard sur les trafics de soude caustique et de MTBE dont l’origine est à trouver dans les difficultés de la société Chem One.

Pour être positif, nous devons aussi prendre en compte la belle progression de nos trafics d’éthanol.

JMM: SI LES HYDROCARBURES ENREGISTRENT DES SCORES NÉGATIFS, LES VRACS SOLIDES ET LES MARCHANDISES DIVERSES ONT ENREGISTRÉ EN 2012 DE BONNES PERFORMANCES. VOUS AVEZ TRANSFORMÉ L’ESSAI SUR LES PREMIERS MOIS DE 2013?

J.-C.T.: En effet, nous enregistrons une hausse de ces deux courants de trafic. Pour les vracs solides, la hausse s’élève à 8 % à 5,4 Mt avec une bonne tenue des importations de vracs pour la sidérurgie. Ce secteur prend conscience de la compétitivité des sites portuaires qui offrent l’avantage d’être « les pieds dans l’eau ». Si ce secteur des vracs sidérurgiques enregistre une hausse de 21 % à 3,7 Mt, les autres vracs souffrent. Nous enregistrons notamment une diminution des vracs agroalimentaires de 3 % à 404 000 t, notamment en raison d’un retard de sortie de blé sur l’Italie et d’exportations vers l’Espagne et le Portugal.

Sur les marchandises diverses, nous continuons sur la lancée de 2012 avec une hausse de 2 % à 7,2 Mt. Un trafic qui progresse grâce aux conteneurs qui compensent les baisses enregistrées sur le roulier. Les trafics conteneurs affichent une progression de 6 % à 454 504 EVP, après une année 2012 avec une hausse de 12 %. De plus, dans le détail, nous constatons une hausse importante des trafics sur les terminaux de Fos quand Marseille perd 4 %. Ces chiffres sont la démonstration de notre action de reconquête des trafics. Quant au roulier, il perd globalement 4 %. Les trafics sur la Corse et la Sardaigne ont cédé le pas aux trafics sur le Maghreb. Les premiers baissent quand les seconds augmentent.

Enfin, nous ne pouvons oublier les trafics passagers. Au mois de mai, nous avons enregistré une croissance de 33 % de notre trafic et, depuis le début de l’année, de 20 %. Pour la première fois depuis des années, le trafic des croisiéristes est passé devant celui des passagers de lignes régulières. La baisse des passages vers la Corse et la hausse de 51 % du nombre de croisiéristes est encourageante. C’est une tendance lourde de voir la croisière progresser dans notre port. Il existe une forme de désaisonnalisation de la croisière en Méditerranée dont nous profitons pleinement.

JMM: LA RÉFORME PORTUAIRE A PORTÉ SUR LES FONDS BAPTISMAUX, LA NOUVELLE GOUVERNANCE. DÉSORMAIS, ENTRE LE PORT ET LES ACTEURS DE LA PLACE, LES RÔLES SE RÉPARTISSENT DIFFÉREMMENT. AVEZ-VOUS TROUVÉ VOTRE PLACE DANS CE NOUVEL ÉQUILIBRE POUR PARTIR À LA CONQUÊTE DES TRAFICS DANS UNE ACTION COMMUNE?

J.-C.T.: La loi de 2008 prévoit le rôle de chaque société. Pour partir à la reconquête des trafics, nous nous sommes appuyés sur un outil préexistant, Marseille Europort, que nous avons modernisé et dynamisé. Cet organisme s’appelle désormais Via Marseille-Fos. Nous agrégeons plus que les acteurs présents dans la version Europort Marseille puisque MGI et la ville de Marseille nous y ont rejoints. Cet outil participe à la promotion des deux sites du port, Fos et Marseille. Via Marseille-Fos va même plus loin. Nous devons construire une offre qui intègre aussi le bassin rhodanien. Nous formons un tout.

Cela ne nous empêche pas de mener des actions seuls, tout comme peuvent le faire les sociétés du port. Via Marseille-Fos permet surtout d’aller à la rencontre de nos clients pour leur montrer notre nouveau visage. Nous avons une nouvelle image à montrer puisque depuis deux ans nous n’avons pas souffert de mouvement social dans le port lié à l’activité locale. Il est indéniable que la confiance est revenue chez nos clients. Nous avons accueilli une nouvelle ligne avec Cosmed et Zim qui dessert notre port pour les trafics de fruits et primeurs depuis Israël. Après avoir quitté Marseille pour un port ligurien puis Sète, l’armateur a décidé de revenir à Marseille. Nous avons réussi à proposer des incitations en associant toute la place portuaire et notamment le pilotage et le remorquage. Outre les nouvelles arrivées, il faut aussi regarder sur les mouvements réalisés par les navires dont les lignes sont restées. Nous progressons aussi avec ces armateurs. Des nouveautés qui se déclinent sur la partie ferroviaire puisque, le 19 juin, nous avons reçu la première navette ferroviaire de Ferrovergne à destination de Clermont-Ferrand.

JMM: EN CONTINUANT SUR CES NOUVEAUTÉS, UN PROJET DE LIAISON RO-PAX SUR LE MAROC SERAIT ACTUELLEMENT À L’ÉTUDE. QUAND CETTE LIGNE DOIT-ELLE VOIR LE JOUR?

J.-C.T.: Je reste frustré de ne pas avoir de liaison avec le Maroc compte tenu de notre position en Méditerranée et vis-à-vis du Maghreb. Le projet existe toujours mais n’a pas encore démarré. L’ouverture d’une ligne sur Tanger doit se comparer en termes économiques avec la route. Aujourd’hui, le secteur du transport routier en Espagne reste encore fortement atomisé. L’utilisation de la route reste compétitive par rapport aux solutions maritimes. Les conditions de démarrage ne sont pas encore rassemblées, mais le projet reste à l’étude.

JMM: AU COURS DES DERNIÈRES ANNÉES, LE PORT A FORTEMENT INVESTI DANS LE DÉVELOPPEMENT DE SES TERMINAUX. IL SEMBLE QU’AUJOURD’HUI, CE MOUVEMENT S’APAISE, POURQUOI?

J.-C.T.: Nous sommes dans une phase de palier. Comme vous le soulignez, nous avons investi au cours des dernières années dans différentes filières. Si nous prenons nos réalisations pour Fos 2XL, le port a réalisé l’ensemble des travaux qui relèvent de sa compétence. Notre part est achevée. Cependant, nous avons un décalage de trois à quatre ans par rapport aux prévisions. Nous pensons qu’il faut analyser la situation et se tenir prêt. Il ne sert à rien d’investir de nouveau sur le chantier de Fos 4XL, dont l’échéance intervient dans le calendrier avant Fos 3XL, sans avoir atteint un niveau de remplissage de Fos 2XL.

Le même raisonnement prévaut pour le gaz. Le marché a connu de nombreux bouleversements au cours des dernières années, notamment avec le gaz de schiste aux États-Unis qui révolutionne les conditions de marché et les suites de Fukushima au Japon. Avant de se lancer dans de nouveaux équipements, il faut que nous rendions pleinement opérationnel l’existant. Le GPMMF n’est pas en manque de capacité sur le gaz. Ainsi, à titre d’exemple, nous avons décidé un palier dans nos réalisations sur Faster.

Du côté terrestre, le projet de construire une écluse dans le fond de la darse 2 est un sujet délicat. Nous discutons avec les différents représentants opposés à ce projet pour « déminer le terrain ». Sur le transport combiné, lors de sa venue à Marseille, le président de la République a confirmé la participation de l’État de 20 M€ dans ce chantier. Je suis satisfait de cette confirmation. Maintenant que nous avons acquis le principe et le financement, nous travaillons sur son organisation avec l’opérateur.

Les choses avancent, mais à un rythme adapté aux conditions économiques et aux évolutions des marchés concernés.

JMM: LA RÉPARATION NAVALE EST AUSSI INSCRITE DANS L’AGENDA DU PORT?

J.-C.T.: Les procédures sur la forme 10 suivent leur cours. Nous pensons qu’elle sera opérationnelle en 2015. Nous sommes entrés dans une phase de dialogue compétitif avec les opérateurs pour le beatau-porte. Il devrait s’achever au cours de l’été. Il représente un investissement de 22 M€.

JMM: LE PORT A CHANGÉ CES DERNIÈRES ANNÉES AVEC LE RETOUR D’UNE FIABILITÉ SOCIALE. SELON VOS ESTIMATIONS, PENSEZ-VOUS QUE LE TRAFIC 2013 SERA EN HAUSSE?

J.-C.T.: Nous allons essayer d’être à l’étal. Nous subissons encore la baisse des trafics d’hydrocarbures mais la plus grande partie de cette chute est passée. Elle n’est pas finie mais devrait être moindre dans les prochains mois. Par contre, la bonne tenue des trafics conteneurs et les bons scores réalisés sur la croisière sont des éléments encourageants. Nous devons être vigilants sur les trafics de vracs liquides chimiques et notamment sur la situation de Chem One.

Les trafics conteneurs à la loupe

Les trafics conteneurs du Grand port maritime de Marseille-Fos affichent une progression globale sur les cinq premiers mois de l’année avec une hausse de 6 % à 454 504 EVP. Après la hausse de 13 % en 2012 à plus d’1 MEVP, Marseille fait un retour dans le club des millionnaires. Sur les trois premiers mois de l’année, l’évolution de ce trafic conteneurisé montre des différences. Ainsi, le trafic de conteneurs pleins sur l’ensemble des bassins progresse de 0,6 % à 222 746 EVP. Un trafic relativement équilibré. Les entrées de boîtes pleines progressent de 1,6 % à 104 375 EVP alors que les sorties diminuent de 0,3 % à 118 371 EVP. Du côté des vides, Les entrées perdent 7,7 % à 27 871 EVP quand les sorties progressent de 88,6 % à 14 056 EVP. Au final, le trafic tous bassins confondus atteint presque un équilibre parfait. Avec une baisse des entrées de 0,4 % et une hausse de 4,9 % des sorties, le trafic global augmente de 2,1 % à 264 673 EVP. Au final, les vides, en entrée et en sortie, entrent pour respectivement 132 246 EVP et 132 427 EVP.

La répartition entre les bassins est pour sa part mal équilibrée. La majorité du trafic se déroule à Fos. Tous les indicateurs du bassin Ouest sont au vert. Fos récupère 209 766 EVP, en hausse de 3,97 % avec une majorité de boîtes pleines (183 185 EVP, + 1,86 %). Véritable effet de vases communicants, les bassins Est voient leur trafic perdre 4,2 % à 54 907 EVP. Tant les pleins que les vides, les entrées que les sorties affichent des diminutions sur le premier trimestre de l’année.

La répartition géographique des trafics conteneurisés de Marseille-Fos place l’Asie en tête en entrées + sorties avec 51,9 % des volumes exprimés en EVP. Une place qui s’étiole en 2013 de 0,1 % à 137 350 EVP. L’autre grande région qui commerce avec Marseille reste la Méditerranée, qui entre pour 29,2 % à 77 267 EVP. Si le Maghreb et la Libye conservent leur première place dans le trafic méditerranéen du GPMMF, les pays de la côte orientale de cette mer gagnent du terrain sur les premiers mois de l’année.

En entrée, l’Asie conserve sa première place au palmarès des provenances avec un trafic de 80 849 EVP, stable avec une hausse de 0,1 %. La Méditerranée entre sur la seconde place du podium avec un trafic de 37 523 EVP, en hausse de 0,8 % grâce au marché de la Méditerranée orientale et de la mer Noire. Le Maghreb, la Libye et l’Europe du Sud-Ouest voient le nombre de boîtes avec Marseille-Fos perdre des points sur le premier trimestre. À la troisième place des entrées figure l’Amérique dont le trafic s’érode de 9,8 % à 8 334 EVP. Les Antilles françaises et la Guyane réalisent un bon score avec une hausse de 188 % à… 643 EVP. Ils sont partis de très bas. Enfin, juste à côté de ce podium entre l’Afrique dont les liaisons avec la côte occidentale du continent perdent en volume quand la partie orientale gagne.

Du côté des sorties, l’ordre du podium reste inchangé avec seulement une stabilité négative des expéditions vers l’Asie qui perdent 0,4 % à 56 501 EVP. Les autres continents sont en augmentation. Hormis les trafics avec l’Afrique de l’Ouest, le Moyen-Orient, le sous-continent indien et l’Amérique centrale, tous les indicateurs des trafics de sorties sont en hausse.

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