Fluxel mise sur le photovoltaïque et l’éolien pour compenser le recul du pétrole

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Marseille a connu ses Trente Glorieuses. Au lendemain du choc pétrolier de 1974, les trafics ont connu une incroyable ascension, jusqu’à atteindre 68 Mt en 2008, remplissant au passage les caisses du port et le propulsant au troisième rang mondial pour les hydrocarbures. Depuis, Marseille-Fos a chuté du podium. « Le secteur du raffinage en Europe est en restructuration et nous prévoyons une contraction des imports de brut de 10 % à 15 % en 2013 », annonce Arnaud Ranjard, directeur du développement du GPMM.

Au total, entre 2008 et 2013 (avec des prévisions à 45 Mt), le port aura perdu 23 Mt. Relégué en deuxième division, le troisième port européen derrière Rotterdam et Anvers se situerait désormais entre la 5e et la 10e place au classement mondial.

La fermeture de Petroplus à Reichstett en janvier 2011, puis l’arrêt en janvier 2012 de la raffinerie Lyon­dellBasell de Berre, ont porté un coup au port. Neuf mois plus tard, Miro Oberrhein à Karlsruhe, également fragilisée, a décidé de ne plus importer son brut par deux mais par un seul pipeline. En choisissant de se concentrer sur le port de Trieste et le pipeline transalpin, TAL, la raffinerie allemande, a mis la Société du pipeline sud-européen (SPSE) en grandes difficultés en la privant de près de 7 Mt. SPSE doit se contenter de deux clients: Total à Feyzin et Varo à Cressier. Toutes ces grandes raffineries européennes ont eu pour point commun de faire converger leurs VLCC via Marseille.

Doublement des activités de soutage depuis 2010

Paré à affronter du gros temps, le président de Fluxel SAS, Michel Perronet, s’est engagé dès la création de cette société, en mai 2011, à trouver des voies de diversification et à mettre à profit ses 67 ha de foncier. Dans son plan d’entreprise 2015-2018, l’opérateur des terminaux s’apprête à devenir producteur d’électricité afin de la revendre au réseau. Cette diversification devrait représenter entre 10 % et 15 % du chiffre d’affaires de Fluxel en 2018.

« Nous avons des idées et sommes contraints d’accélérer. Nous avons trois à quatre ans pour négocier notre virage industriel. Nous avons prévu de faire du petit éolien et du photovoltaïque, nous allons aussi proposer de nouveaux services aux navires et développer le stockage de raffinés », avance Michel Perronet, à la tête d’une société de 225 salariés dont 135 agents postés.

Fluxel, qui compte déjà 45 000 m3 de capacité de stockage, 30 000 m3 à Fos et 15 000 m3 à Lavéra, envisage ainsi de s’équiper de « 20 000 m3 à 30 000 m3 supplémentaires ». Rien de comparable avec le projet d’extension de Dépôt pétroliers de Fos, qui prévoit 120 000 m3 supplémentaires venant compléter un parc de 860 000 m3.

L’activité de soutage, qui a chuté à 600 000 t en 2010, a retrouvé un bon niveau, totalisant 1,2 Mt en 2012. Effet de la réforme du port? « Nous avons retrouvé la fiabilité sociale et technique. Quand un porte-conteneurs arrive en escale à Fos, le soutage doit être réalisé très rapidement », souligne Michel Perronet qui exploite 20 appontements sur deux sites de Fos et Lavéra. La situation de la pétrochimie est également un sujet d’inquiétude, non seulement pour Fluxel mais pour tous les intervenants.

Inquiétude pour la chimie, déception pour le GNL

En première ligne, Kem One, ex-pôle vinylique d’Arkema, pris dans une tourmente judiciaire. L’acheteur Gary Klesh, estimant avoir été « trompé » lors de la vente en juillet 2012, réclame 310 M€ de dommages-intérêts à Arkema. En parallèle, la CGT, qui a assigné en justice Arkema et Gary Klesh pour « vente frauduleuse », a proposé le 24 mai un projet alternatif. « Nous sommes porteurs d’un projet sérieux qui relie les différents acteurs nécessaires à la poursuite de l’activité de Kem One où déjà certains politiques ont une oreille attentive », souligne la CGT. Selon le syndicat, « cette affaire est l’arbre qui cache la forêt. En effet, ce sont les marchés de l’éthylène, de la chimie, du raffinage et de la pétrochimie qui sont mis à mal ainsi que les échanges commerciaux avec le port et tous les emplois induits ».

Pour Fluxel, Kem One représente un trafic d’1 Mt comprenant du CVM (chlorure de vinyle monomère) et de la soude, essentiellement à l’export.

« Nous sommes inquiets pour Kem One et plus généralement de la situation de la pétrochimie. C’est comme un château de carte, on ne sait pas mesurer les effets », précise le président de Fluxel. Sur les 45,6 Mt traitées par Fluxel, la chimie représente 2,9 Mt générées par Naphtachimie, Kem One, LBC et Llyondel Basel.

Pour le leader CGT des agents du port, Pascal Galéoté, « la chute des hydrocarbures est une catastrophe en termes de baisse de chiffre d’affaires. Si Kem One ferme, cela entraînerait une augmentation des coûts de production de la filière vinylique et risquerait d’accélérer le processus de fermeture des raffineries ».

Quant au gaz naturel liquéfié, c’est la grosse déception. Alors qu’à la construction de Fos Cavaou, le port a annonçé des imports massifs de gaz égyptien, il n’en est rien. Pire, les trafics ne cessent de chuter. Depuis l’accident nucléaire de Fukushima, le Japon et l’Asie en général absorbent les cargaisons de GNL. Et la mise sous cocon au mois d’avril des centrales au gaz Combigolfe et Cycofos risque d’accélérer la baisse des entrées de gaz sur le terminal de FosMax LNG.

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