Baisse de la consommation en Corse et concurrence exacerbée au départ de Toulon expliqueraient le recul de 9,2 % du fret acheminé sur les cargos-mixtes de la SNCM (− 13,4 %) et la Méridionale (− 4,8 %) entre Marseille et les ports corses avec, au total, 559 394 mètres linéaires chargés de janvier à fin mai 2013. « L’année s’annonce difficile. Un certain nombre de chantiers de travaux publics en Corse, qui nécessitaient l’acheminement de matériels, de ciments, ont pris fin », avance Marc Reverchon, vice-président de la Méridionale. Au moment où Marseille perd ses remorques, le trafic roulier à Toulon s’apprécie de 10,8 % (en cumul à fin mai) grâce à la bonne tenue de Corsica Ferries, mais surtout une hausse de 182,5 % de la SNCM qui exploite un service, hors DSP, entre Toulon et Bastia.
Du simple au double
Pour tailler des croupières à son concurrent, la SNCM propose un aller-retour avec des tarifs pouvant aller jusqu’à 750 € contre 1 300 € habituellement au départ de Marseille. Résultat: les chauffeurs se sont donné le mot et préfèrent Toulon comme port d’embarquement. Sur le Maghreb, les évolutions de trafics sont contrastées selon les pays.
Le roulier sur l’Algérie est en perte de vitesse, les clients préférant le conteneur pour sa souplesse d’utilisation. En 2012, seulement 4 386 remorques ont été transportées.
« Sur la Tunisie, le trafic diminue en nombre de remorques mais progresse légèrement en tonnage en 2012 pour s’établir à 1, 3 Mt », constate Georges Oberlé, responsable du développement commercial au Grand port maritime de Marseille.
Services maritimes dégradés
Président de l’Association française du transport routier international (Aftri), Marc Grolleau regrette pour sa part la dégradation observée depuis deux ans de la qualité du service maritime proposé par CMA CGM, LD Lines et Cotunav: « Depuis le Printemps arabe, nous rencontrons des difficultés à Radès. Avec les grèves et manifestations sur le port, la situation s’avère plus tendue qu’il y a trois ans. Les navires partent plus tard, ils arrivent donc plus tard. En Algérie, le service proposé en roulier par Marfret et Nisa s’est également dégradé. En raison de l’insuffisance du fret, ils n’opèrent pas de ligne directe Marseille-Alger de façon régulière. La priorité d’accostage donnée à Mostaganem aux navires battant pavillon algérien contraint les navires à patienter sur rade. Plus le service se détériore, moins les remorques se présentent. C’est un cercle vicieux. »
Phénomène similaire constaté sur la ligne roll Marseille-Casablanca de CMA CGM, alors que les échanges entre la France et le Maroc sont au beau fixe. « Tout le monde passe par le détroit de Gibraltar et l’Espagne. Il n’y a pas de service digne de ce nom », déplore Marc Grolleau.
Les chiffres sont éloquents. Entre 2011 et 2012, le trafic a dégringolé de 40,2 % passant de 5 012 à 2 997 remorques. « Les navires rouliers ont vieilli, ils ne sont plus adaptés aux remorques tout comme le transit time. Nous cherchons à lancer un service entre Marseille et Tanger avec temps de navigation de 30 à 32 heures. Si, pour l’heure, nous n’avons pas d’engagement sur les volumes, j’ai bon espoir que cette ligne voit le jour. De plus, des producteurs d’agrumes de la région de Nador ont exprimé leur intérêt pour un tel service », confie Georges Oberlé. Reste à savoir qui de l’Italien GNV ou de l’Espagnol Acciona se jettera finalement à l’eau.