De la passe Sainte-Marie à l’Estaque, Mistral-8 et Mistral-9, les deux remorqueurs de Boluda basés à Saumaty ne croulent pas sous les demandes de capitaines de navires. Et n’allez pas croire qu’ils bénéficient de la hausse de la fréquentation des paquebots. Extrêmement manœuvrantes avec leurs propulseurs d’étrave, ces unités imposantes font rarement appel aux remorqueurs, y compris en cas de mistral. Leur nouvelle stratégie consiste à se mettre à l’abri dans l’anse de l’Estaque, quitte à débarquer plusieurs centaines de passagers à la chaloupe même lorsque le vent souffle en rafales, comme ce fut le cas le 1er juin. Ni frais de port, ni remorqueurs, la stratégie des opérateurs de croisière semble claire.
Boluda doit donc concentrer ses interventions sur les ferries, cargos-mixtes, rouliers et les quelques rares porte-conteneurs qui fréquentent Med Europe Terminal. Pourtant, le 28 octobre, les remorqueurs de Boluda ont dû appeler du renfort à Fos pour maintenir le Napoléon-Bonaparte à flot. Le car-ferry, ayant rompu ses amarres, a séjourné deux mois au terminal Pinède avant d’être renfloué et remorqué le 9 janvier vers la forme 9. Pour Denis Monserand, directeur général de Boluda France, il s’agit d’« un événement exceptionnel répondant à la mission d’assistance. Notre activité dans les bassins Est, tournée vers la sécurité, est déficitaire. Elle est compensée par Fos et Lavéra où font escale des navires de grande capacité. Le projet de la forme 10 nous intéresse car nous serons sollicités pour faire entrer les navires dans la forme ».
Dans les bassins Ouest, la situation est contrastée avec, d’un côté, le recul du nombre d’escales de VLCC et gaziers et, de l’autre, la montée en puissance des deux terminaux à conteneurs de Fos 2XL.
Un simple transfert opéré depuis Tonkin
« Entre 2009 et 2012, nous sommes tombés de 185 à 129 escales de gaziers à Tonkin et au Cavaou. Pour anticiper l’ouverture du terminal du Cavaou, nous avons fait construire aux chantiers navals Piriou de Concarneau quatre navires de 72 t de traction au point fixe, les VB-Rhône, VB-Camargue, VB-Crau et VB-Esterel. Nous tablions sur une hausse de trafic, or un simple transfert a été opéré depuis Tonkin », constate, un brin amer, Denis Monserand.
Seul réel motif de satisfaction, l’arrivée des 13 000 EVP en juillet 2012 à Graveleau. « Nous n’avons pas gagné d’escales mais nous ressentons un effet positif dû à l’accroissement de la taille des porte-conteneurs. Nous avions bien fait d’investir dans cette flotte car nous pouvons aisément opérer ces navires qui prennent systématiquement des remorqueurs », souligne Denis Monserand.
La remise en service du second fourneau d’Arcelor Mittal l’an dernier a eu pour effet d’augmenter les escales de vraquiers. Peu manœuvrant, ces navires ont recours aux remorqueurs pour s’amarrer ou appareiller.
Le pétrole brut représente toujours la principale source de revenus de Boluda (26 % du chiffre d’affaires), devant les porte-conteneurs (25 %), les raffinés (12 %), les méthaniers et les minéraliers (8 %). Pour la quatrième année consécutive, Boluda, qui emploie 170 navigants et une dizaine de sédentaires, connaît un chiffre d’affaires atone à 25 M€ pour son activité de Marseille-Fos.
Pour optimiser l’affectation des remorqueurs en fonction de la régulation du trafic maritime, Boluda a détaché un « guetteur » au Centre de régulation intégré (CRI) de Port-de-Bouc. Dans les bassins Est, cette mission a été jusque-là confiée aux pilotes depuis leur station de l’Estaque. Mais depuis la fermeture du site en janvier, Boluda réfléchit à une nouvelle organisation en collaboration avec la capitainerie des bassins Est. « Il n’y a pas suffisamment de trafic pour mobiliser un guetteur », fait valoir Denis Monserand.
Boluda France, qui a emménagé aux Docks, à la Joliette, gère également, via sa filiale Cogerem, les approvisionnements de tout le groupe. « Notre site de Saumaty abrite l’atelier, le service technique et la centrale d’achat », ajoute le directeur, soulignant que Boluda France ne se résume pas à six ports de métropole (Dunkerque, Le Havre, Brest, Nantes Saint-Nazaire, La Rochelle, Marseille-Fos) mais supervise également l’activité du groupe en Afrique (Tanger Med, Dakar, San Pedro, Abidjan, Douala), La Réunion, Mayotte et également le lamanage à Tanger Med depuis deux ans. Le groupe gère aussi l’ensemble des services portuaires à San Pedro et exploite les vedettes de pilotage pour le compte de Tanger Med Port Authority.