Il y a 29 ans… dans le Journal de la Marine Marchande

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En février 1984, l’Institut français de la mer s’interroge, lors d’une conférence, sur la place de la mer en Europe. Patrick Gautrat, délégué général adjoint du Comité central des armateurs de France, apporte son point de vue sur l’apparent déclin des transports maritimes en Europe. La flotte communautaire affiche une baisse de 5 % au cours des cinq années précédentes. Les nouvelles concurrences, notamment celles des pays de l’Europe de l’Est, apparaissent à un moment où les marchés sont extrêmement déprimés du fait de la surcapacité de l’offre de tonnages et des coûts plus élevés pour l’Europe, « parce que les standards de vie sont plus hauts, parce que la productivité aussi n’est peut-être pas toujours aussi bonne que celle d’autres pays plus neufs ». Une politique commune en Europe pour les transports maritimes est en pourparlers. Début 1984, le transport maritime n’est pas protégé dans le cadre du traité de Rome contrairement à d’autres activités. Le Journal de la Marine Marchande souligne que « l’Europe souffre à la fois d’un marché complètement déséquilibré et doit faire face aux mesures protectionnistes prises par un certain nombre de pays qui limitent les possibilités mêmes d’emploi de ses propres flottes ». La rédaction d’un texte sur les règles de concurrence pour les lignes régulières en Europe est en projet depuis 1979. Un règlement qui permettrait d’y voir plus clair mais qui irrite les armateurs par la lenteur de son élaboration alors qu’ils sont menacés sur toutes les mers du monde. Selon Patrick Gautrat, le secteur maritime souffre également d’une « disparité entre les coûts, non seulement entre les armements tiers et les pays européens, mais aussi à l’intérieur même de la communauté ». La France et l’Italie sont alors les deux seuls pays de la Com­munauté à appliquer des règles strictes de nationalité. Le directeur général adjoint du CCAF souhaite que les problèmes relatifs au transport maritime soient pensés en termes de politique extérieure commune mais déplore que certains des obstacles viennent des gouvernements ou des professionnels du secteur. Au premier semestre 1984, la France est à la présidence du Conseil des Commu­nautés européennes. Une bonne opportunité, selon Patrick Gautrat, pour mobiliser les entreprises et les États qui freinent le processus: « Si, au mois de juin prochain, des progrès réels n’ont pas été accomplis dans un certain nombre de domaines, que ce soit le code de conduite, les règles de concurrence, la lutte contre les concurrences déloyales, l’Europe des transports maritimes aurait manqué un rendez-vous très important et nous pourrions nous en repentir dans les années à venir. »

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