Perdre le nord

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Le 4 juin, le président de la République a inauguré le CMA-CGM-Jules-Verne, un géant des mers de 16 000 EVP. Au mois de juillet, Mærsk doit réceptionner ses premiers 18 000 EVP de la classe des Triple-E. Des navires aux dimensions telles qu’ils ne peuvent entrer dans tous les ports, même sur la principale route maritime conteneurisée actuelle, entre l’Europe et l’Asie. En Europe, ils doivent se cantonner à entrer au Havre, à Anvers, Rotterdam ou Hambourg. Au sud du continent, les choix sont aussi limités. Pire, ces navires ne peuvent basculer sur le transpacifique, leurs dimensions les empêchent d’escaler dans les ports nord-américains de la côte Ouest. Et même demain, avec les nouveaux jeux d’écluses du canal de Panama, ils devront rester devant. Mais en fait, ces considérations ne sont pas grand-chose face à la situation de l’économie maritime actuelle. Avec la crise européenne, une économie nord-américaine atone, le trafic maritime se développe sur le sud de l’Équateur. L’Asie du Sud-Est, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le golfe Persique, l’Afrique subsaharienne de l’Est et de l’Ouest et l’Amérique du Sud sont les moteurs de cette économie. Aujour­d’hui, la route Europe-Asie est à son apogée. Demain, ce sera la « route des Brics » (Brésil Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui pourrait dominer l’économie de la conteneurisation. Que va-t-il advenir de ces géants des mers? Les ports de la route des Brics ne sont pas adaptés, ou du moins pas encore. Il manque des infrastructures et des superstructures. Avec un peu de volonté politique locale, cette route pourrait devenir la nouvelle colonne vertébrale du maritime de demain. Une solution consisterait à déployer une stratégie en utilisant les hubs portuaires du Nord pour desservir les marchés du Sud. Ce basculement n’est pas si loin et pourrait s’accélérer si le monde occidental ne retrouve pas une croissance économique rapidement. Derrière cette question se pose celle des aménagements en Europe. Pourquoi continuer à investir dans des infrastructures pour des navires gigantesques si demain, l’Europe du Nord est feederisée depuis les routes plus au Sud? La réponse remet en cause tous les grands projets de ces dernières années, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

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