« L’Afrique a besoin de plus d’infrastructures portuaires et de plus de concurrence dans ses ports »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): ICTSI EST CONNU POUR SES OPÉRATIONS DE MANUTENTION AUX PHILIPPINES ET EN ASIE, EN AMÉRIQUE. QU’EST-CE QUI VOUS A POUSSÉ À INVESTIR SUR LE MARCHE AFRICAIN?

JENS FLOE (J.F.): Nous sommes présents sur le marché africain depuis de nombreuses années. Notre premier pas sur ce continent s’est matérialisé quand nous avons remporté la con­cession du terminal à conteneurs de Dar Es Salaam. Lorsque la société a cédé ses investissements étrangers pour des raisons financières, ce terminal est passé dans le giron de Hutchison Ports Holding. Nous sommes ensuite revenus sur le continent en 2005. Nous avons remporté l’appel d’offres pour la concession du terminal malgache de Toamasina, le Madagascar International Container Terminal Services. Depuis cette date, nous avons réussi à enregistrer des croissances de trafics grâce à une élévation du niveau de services. Sur le premier trimestre 2013, nous enregistrons une augmentation de 14 % de nos volumes sur ce terminal. Nous sommes en cours de travaux d’une extension sur ce terminal pour améliorer nos prestations et notre capacité.

En 2011, nous avons décidé d’accroître notre présence sur le continent africain. Nous avons ouvert un bureau régional au Cap, en Afrique du Sud. Ce choix a été motivé par un constat: l’Afrique dispose d’un potentiel de croissance important et ce marché aura besoin dans le futur de « nouveaux acteurs » comme nous, dont le but est avant tout d’avoir un objectif d’une plus grande valeur ajoutée aux importateurs et exportateurs.

JMM: OUTRE LE TERMINAL MALGACHE À TOAMASINA, DANS QUEL PAYS D’AFRIQUE DISPOSEZ-VOUS D’OPÉRATIONS?

J.F.: Nos opérations dans le monde se déclinent dans 27 ports de la planète. Nous dépensons une grande énergie à étendre notre empreinte sur le continent africain. Outre le terminal malgache de Toamasina, nous avons une autre concession. La première sera dans le futur terminal nigérian de Lekki, qui sera le plus grand terminal privé de l’Afrique subsaharienne. Ce terminal doit être construit ex nihilo. Nous avons bon espoir dans le potentiel de développement de ce terminal de Lekki Port.

Récemment, le gouvernement ivoirien a décidé de confier la concession de son second terminal à conteneurs au consortium formé par les groupes Bouygues, Bolloré et APM Terminals. Nous avons concouru à cet appel d’offres aux côtés de CMA CGM, Necotrans et Movis. Avec la fin de cet appel d’offres, nous constatons que les places ne sont pas nombreuses dans le marché de la conteneurisation. Les autorités ont annoncé confier cette concession à un autre groupement que celui qui a été nommé comme groupement préféré (prefer bidder) lors du dépouillement des enveloppes. Nous avons été surpris de voir les autorités prendre un autre chemin que la priorité initialement prévue d’injecter de la concurrence dans le marché local.

JMM: VOUS LE RECONNAISSEZ, LES POSITIONS DANS LES PORTS EN AFRIQUE SONT LIMITÉES. EN N’ÉTANT PAS RETENU À ABIDJAN, PENSEZ-VOUS QUE LES PRINCIPALES POSITIONS PORTUAIRES EN AFRIQUE SONT D’ORES ET DÉJÀ ATTRIBUÉES?

J.F.: Nous ne percevons pas tout à fait la situation sous cet angle. L’Afrique dispose de six des dix premières économies mondiales. Dans la majorité des pays, l’infrastructure est vieillissante et inadaptée aux conditions économiques actuelles. Nous pensons que ce continent a de nombreuses opportunités dans de nombreux pays, soit au travers de l’optimisation de l’outil portuaire existant, soit en ajoutant de nouvelles capacités en construisant de nouveaux établissements. L’Afrique a besoin de plus d’infrastructures portuaires et de plus de concurrence dans ses ports.

JMM: SELON QUEL SCHÉMA ENVISAGEZ-VOUS VOTRE IMPLANTATION DANS LES PORTS AFRICAINS, SEUL OU EN CO-ENTREPRISE AVEC DES ACTEURS LOCAUX OU INTERNATIONAUX?

J.F.: D’abord, nous devons rappeler qu’Ictsi est tout à fait à l’aise pour investir seul dans un port si la société le souhaite. Cependant, nous pensons que ces investissements doivent se faire dans le cadre d’une co-entreprise avec des acteurs locaux pour une plus grande incitation de leur part dans le développement de leur pays. Mais sur ce point, nous n’avons pas une philosophie arrêtée. Dans certains terminaux, il peut être envisagé de s’allier avec des groupes internationaux.

JMM: ICTSI EST PRÉSENT DANS LE MONDE AU TRAVERS DES TERMINAUX À CONTENEURS. IMAGINEZ-VOUS UNE DIVERSIFICATION SUR DES OPÉRATIONS DANS LE ROULIER OU LE CONVENTIONNEL AUX COTES DE VOS OPÉRATIONS CONTENEURISÉES EN AFRIQUE?

J.F.: Notre marché d’origine est bien entendu la conteneurisation. Nous avons toujours été présents sur ce marché. Nous opérons des terminaux qui ne sont pas spécialisés dans la conteneurisation. Nous nous réservons la possibilité d’étudier toutes les opportunités qui nous sont offertes au cas par cas.

JMM: VOUS L’AVEZ RAPPELÉ PLUS HAUT, VOTRE SIEGE POUR L’AFRIQUE EST BASÉ EN AFRIQUE DU SUD. UN CHOIX QUI PEUT D’AUTANT PLUS SE COMPRENDRE AU VU DES RUMEURS D’UNE PRIVATISATION PARTIELLE OU TOTALE DES PORTS DE CE PAYS QUI POURRAIT ÊTRE INITIÉE DANS LES PROCHAINS MOIS OU LES PROCHAINES ANNÉES. SEREZ-VOUS SUR LES RANGS POUR EXPLOITER CES PORTS?

J.F.: Ictsi participera certainement à l’appel d’offres pour les ports d’Afrique du Sud s’ils devaient être privatisés. Les terminaux à conteneurs de ce pays tireront tous les bénéfices d’une plus grande concurrence en intégrant le privé dans ce marché.

JMM: LES OPÉRATIONS TERRESTRES SONT AUSSI IMPORTANTES QUE LE PORTUAIRE DANS LE MARCHÉ AFRICAIN. ENVISAGEZ-VOUS D’ÉTENDRE VOTRE PRÉSENCE SUR LE TERRESTRE EN AFRIQUE DANS LES PROCHAINES ANNÉES?

J.F.: Les opérations terrestres sont d’une grande importance en Afrique. Il ne faut cependant jamais perdre de vue que les besoins se compliquent et s’accroissent par le manque de concurrence et de services dans certains ports et terminaux. Notre stratégie se déploie surtout sur les ports. Nous sommes principalement attachés à progresser sur les opérations des terminaux et des ports en Afrique. Nous n’envisageons pas, pour le moment, d’entrer dans des opérations ferroviaires.

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