Eurotunnel aura subi des attaques de toutes parts pour empêcher sa présence sur le détroit du Pas-de-Calais. Après avoir attendu la décision du tribunal de commerce de Paris sur sa proposition de reprise de SeaFrance, puis la décision de la vente des navires par les administrateurs judiciaires, la société est maintenant condamnée par l’autorité britannique de la concurrence.
Dès l’annonce de cette décision, Eurotunnel a décidé de faire appel. Le groupe estime en effet que cette décision « ne repose sur aucun fait concret, […] organise l’activité sur le détroit en duopole », prive Eurotunnel d’un libre accès au port de Douvres et « ignore la volonté du tribunal de commerce de Paris d’assortir la cession des actifs de SeaFrance d’une interdiction de revente de 5 ans, et est en contradiction avec la décision de l’Autorité de la concurrence française ».
Quelques heures après la publication de la décision, Frédéric Cuvillier, ministre en charge des Transports et de la Mer, regrette que la méthode d’analyse adoptée par la commission britannique ait accordé une importance exagérée à l’hypothèse selon laquelle le rachat des trois navires de l’ex-compagnie SeaFrance permettrait à Eurotunnel de réduire la concurrence que les armements de ferries font subir à son activité. « Le maintien de trois compagnies maritimes sur le détroit paraît, bien au contraire, la garantie d’une concurrence effective. » La décision de la Competition Commission crée une situation inédite, qui met en opposition les deux autorités européennes chargées de la concurrence.
Maintenir une concurrence loyale
Le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir afin de maintenir les conditions d’une concurrence loyale sur le détroit et défendre l’emploi des 533 marins employés par la Scop MyFerryLink. Il se rapprochera des autorités britanniques pour examiner les possibilités d’une procédure commune d’arbitrage entre les décisions des deux autorités de la concurrence.
Le 22 mai, Jean-Michel Giguet, directeur général de MyFerryLink, a souligné l’importance de cet armateur. « Nous sommes une compagnie française et européenne et nos navires sont, non seulement des traits d’union entre le Royaume-Uni et la France, mais de véritables autoroutes maritimes pour le fret européen. La différence avec nos concurrents c’est que nous sommes organisés en Scop, c’est-à-dire que chaque salarié est actionnaire, donc fortement impliqué professionnellement et financièrement. Alors, forcément, nous dérangeons les multinationales qui espéraient ne plus jamais revoir une compagnie française sur le Détroit! »