Lors d’une récente conférence régionale de l’industrie consacrée aux activités sous-marines, Patrice Veyan, chargé de mission chez EDF Énergies nouvelles, a pu affirmer que « la Méditerranée a un potentiel bien plus important dans l’éolien flottant que dans l’éolien fixe ». De son côté, la Région Paca, qui rêve de faire émerger une nouvelle filière industrielle offshore, a confirmé son soutien aux énergies marines et à l’éolien flottant en mobilisant une enveloppe de 1,5 M€. Enfin, le pôle de compétitivité Mer Paca et la CCI MP travaillent à fédérer acteurs et projets.
Une ferme de 13 éoliennes au large de Fos
C’est dans ces conditions que le projet d’un parc éolien unique en Méditerranée, VertiMed, est né. Soutenue à hauteur de 37 M€ par la Commission européenne (fonds NER300), cette ferme marine dédiée à la production d’électricité à partir d’éoliennes flottantes est le fruit du partenariat d’une start-up lilloise, Nenuphar, avec EDF-EN et Technip. La construction d’un démonstrateur au large de Fos va prochainement démarrer. Et d’ici 2017, un parc de 13 éoliennes va peu à peu surgir à 20 km du rivage et dans une zone de 80 m de profondeur. L’originalité du projet réside dans la technologie des éoliennes. « Il s’agit d’une éolienne à axe vertical qui peut capter les vents dans n’importe quelle direction et fonctionner même dans la gîte grâce à son centre de gravité ramené près de la surface », explique Michel Ollier, chargé de projet au Pôle mer. Cette ferme expérimentale, qui représente un investissement de 130 M€, devrait produire 26 MW. Elle serait la préfiguration d’installations industrielles de 300 MW.
L’éolien offshore prend son pied
Le souffle de l’offshore touche également une autre sart-up, Ideol, créée en 2010 à La Ciotat. Elle vient de lever 7 M€ pour son projet de fondations flottantes pour l’éolien en mer auprès de deux investisseurs. Cette augmentation de capital s’ajoute à un premier tour de table réalisé en 2011 auprès d’Oséo et d’entrepreneurs, et au financement de la Commission européenne issu du 7e programme-cadre de R & D dans le cadre du projet Floatgen.
L’originalité technologique d’Ideol est de se concentrer sur les fondations offshore des éoliennes marines basées sur son brevet Damping Pool. « La spécificité de notre solution tient à la forme particulière du flotteur en anneau, avec une piscine intérieure dimensionnée pour que les efforts sur les bords dus au ballottements de l’eau soient opposés à ceux induits par la houle, permettant d’atténuer les mouvements du flotteur », explique Paul de la Guérinière, président de la jeune société. La solution, souligne-t-il, est compatible avec les principales éoliennes disponibles sur le marché et permet d’équiper des zones profondes, tout en s’alignant sur les projets pensés avec des fondations au sol. Le coût estimé pour la construction et l’installation en mer d’une fondation flottante est de 1 M€ par mégawatt. En partenariat avec le fabricant espagnol d’éolienne Gamesa et l’Université de Stuttgart, un démonstrateur devrait voir la mer en 2015. Le cap est assuré: « L’éolien en mer va naturellement aller vers du flottant, avec des projets loin des côtes, sans impact visuel et où les vents sont plus forts. »
Autre candidat à l’éolien offshore, Guy Chambon, président de la compagnie maritime Chambon (remorquage, assistance, sauvetage en mer), a annoncé qu’il travaille avec la Cnim, Bertin Technologies et Socarenam à la conception d’un « navire du futur » pour la maintenance d’installations de production d’énergies marines. Le Wind-Keeper serait capable d’intervenir même avec des creux de trois mètres. « Nous espérons disposer d’un démonstrateur en 2016 et d’un premier navire en 2017 », indique-t-il.