Deux consortiums ont été convaincus par la position géostratégique du Havre. D’un côté, Areva Wind et ses partenaires GDF Suez, Vinci et CDC Infrastructure, de l’autre EMF (Éolien Maritime France) composé d’EDF Énergies Nouvelles, WPD et Dong Energy. Le fournisseur exclusif d’EMF pour l’offshore est Alstom. Areva a remporté l’appel d’offres de l’État portant sur le champ offshore de Saint-Brieuc. EMF a quant à lui remporté l’appel d’offres sur trois parcs offshore à Saint-Nazaire, Courseulles-sur-Mer et Fécamp. C’est Emmanuel Ludot, directeur maîtrise et ingénierie qui est le chef de projet au Grand port maritime du Havre (GPMH) pour accueillir la filière. Les titulaires ont jusqu’à octobre 2013 pour confirmer ou infirmer leurs offres.
Une accessibilité nécessaire
« Dès 2010, c’est-à-dire avant l’appel d’offres gouvernemental, des acteurs de l’éolien offshore ont déjà pris contact avec le GPMH. Des questions nous ont été posées notamment sur la manière dont nous comptions déployer la filière localement », se souvient Emmanuel Ludot. Rapidement, Areva se dit intéressé par des espaces portuaires situés sur l’actuel quai Joannes-Couvert. Les négocations prendront plusieurs mois. « Le futur site d’Areva s’étend sur 36 ha, quai Joannes-Couvert. Trois usines devraient voir le jour. Une usine pour les turbines, une autre pour les pales et une troisième pour les mâts. Viendront s’ajouter un hub logistique sur 10 ha destiné au chargement et déchargement des pièces ainsi qu’un centre d’essais pour tester les éoliennes. » Alors, pourquoi ce site plutôt qu’un autre? « Le port a imaginé plusieurs sites derrière l’écluse François Ier. Mais pour des raisons techniques, celà n’a pas été possible. La charge qui sera embarquée sur les navires de travail est trop volumineuse et n’aurait pas pu passer l’écluse. Un mât mesure 100 m, un rotor à de 100 m à 150 m diamètre, par exemple. Le point fort de Joannes-Couvert, c’est l’accessibilité. Nous sommes en discussion avec Areva pour voir s’il est nécessaire ou non de renforcer les quais. Une nacelle avec son cadre pèse 300 t, une pâle seule pèse 25 t, un rotor 40 t. Les Jack Up, ces navires qui chargeront les éoliennes, ont des grues embarquées, ce qui facilite la manutention. Il faut également penser à des grues mobiles pour charger sur cargos des nacelles destinées à d’autres parcs plus éloignés. » Les dirigeants d’Areva viennent de dévoiler au maire du Havre et au GPMH le plan-masse de l’usine, c’est-à-dire une représentation dans l’espace des usines et de son hub. « Il existe une vraie volonté de jouer le rôle d’un cluster éolien français. Areva veut attirer des sous-traitants au Havre. Seront-ils installés sur ces 36 ha? Nous ne le savons pas encore », confie Emmanuel Ludot. Actuellement, le site de Joannes-Couvert est toujours occupé. Des bâtiments y abritent des entreprises ou des associations.
À la recherche de solutions de relogement
« Avec la Communauté de communes, Le Havre développement, la CCI et la Ville, nous travaillons actuellement à des solutions de relogement. » Le sort de l’ancienne gare maritime, dernier vestiges de la French Lines, qui se trouve sur le périmètre, est également un sujet sensible puisqu’avec l’implantation d’Areva, elle est vouée à disparaître. Le GPMH dit vouloir en conserver certains éléments sans donner plus de détails. Le Grand port maritime du Havre devrait démarrer ses travaux en 2014 pour les terminer en 2016. Ils consistent notamment à modifier les infrastructures routières existantes aux abords de Joannes-Couvert. Le démarrage des travaux pour Areva devrait intervenir en 2015. La construction des usines durera un an.
EMF a quant à lui réservé entre 15 ha et 20 ha au sud du terminal de Bougainville pour y implanter un site de fabrication de fondations gravitaires, ces cônes de béton de 4 500 t qui servent à fixer le mât de l’éolienne sur le fond marin. Les travaux d’infrastructures seront réalisés par des entreprises de génie civil qui seront sélectionnées suite à un appel d’offres. Les fondations pourraient être acheminées par flottaison, tractées par des remorqueurs. La Darse de l’Océan servira au stockage de ces fondations. « L’objectif de EMF est de fabriquer 83 fondations pour le site de Fécamp. » Autre aspect de la filière, l’association Wind devrait également installer des démonstrateurs d’éolienne à terre pour l’apprentissage et la formation. Le GPMH étudie actuellement les emplacements adéquats pour accueillir ces équipements sur la zone industrialo-portuaire.