« Depuis 2008, nous avons stoppé les importations de clinker et nous nous bornons à faire venir par mer des produits finis issus de notre unité du Havre », explique Christian Petitfrère, responsable des sites Atlantique du groupe Lafarge. Mais pas n’importe quels produits finis, puisqu’il s’agit de ciment PMES. PM (« prise mer ») désigne le ciment qui prend les pieds dans l’eau, et ES (« eau sulfatée ») correspond à celui qui résiste aux sulfates issus des urines des animaux d’élevage. La qualification particulière de ce ciment à valeur ajoutée le destine tout naturellement aux zones de marnage des installations portuaires, aux caillebotis des élevages de porcs et de volailles ainsi qu’aux stations d’épuration. « Il n’est pas utilisé dans la construction des maisons », précise Christian Petitfrère. Cette activité relativement stable génère sur le port de Brest un trafic de 60 000 t à 70 000 t de ciment par an, au rythme d’un navire spécialisé et autodéchargeant de 4 200 t toutes les deux à trois semaines. Le ciment est alors stocké dans quatre silos de 4 000 t de capacité chacun et est acheminé par citerne-vrac de 44 t vers les sites d’utilisation des divers fabricants de béton de l’hinterland brestois. « Il sert autant à la base sous-marine de l’île Longue qu’à la construction du port de pêche et de plaisance de Roscoff », illustre le directeur du site brestois. Et les futurs quais qu’entend faire construire la Région Bretagne pour recevoir les énergies marines renouvelables font déjà saliver le cimentier. « Il y aura évidemment mis en concurrence », indique quand même Christian Petitfrère. Lafarge a également pris en compte les particularités de son hinterland breton en concevant des big-bags d’1,5 t destinés aux îles (Ouessant, Sein, Belle-Île…) qui remplacent très avantageusement les sacs de ciment de 25 kg utilisés auparavant. « Nous sommes le seul site du groupe à le faire », indique le responsable.
Enquête
Du ciment pour les ports et les élevages agricoles
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