À plusieurs reprises, la CGT, mais aussi quelques élus, ont exprimé leur hostilité à la perspective d’implantation de deux nouveaux opérateurs qui, à leurs yeux, ne respecteraient pas les règles de la concurrence. Pour Lafarge, qui génère 190 emplois directs et 700 emplois indirects, il n’y aurait pas de place pour trois acteurs. Le marché local de Lafarge représente une production de 400 000 t. Le reste de sa production, soit 600 000 t, est destiné à la région parisienne. Le groupe Lafarge devrait d’ailleurs investir 80 M€ dans les six prochaines années pour pérenniser et moderniser son site industriel.
Le premier projet d’implantation près du Havre est soutenu par la Smeg, sur les communes de Rogerville et Oudalle, avec l’installation de silos. Le dossier est pour le moment au point mort suite à une décision préfectorale. Une étude d’impact environnemental a en effet été lancée par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Haute-Normandie. Les permis de construire sont suspendus à cette étude.
Une nouvelle cimenterie pour 2015
Le second projet, lui, avance à grand pas et pourrait se concrétiser très rapidement. L’opérateur Vracs de l’estuaire espère en effet pouvoir ouvrir sa cimenterie à l’horizon 2015. Longtemps directeur général de Ciments Calcia et ex-patron du syndicat français de l’industrie cimentière (Sfic), Jean-Marc Domange, actuel patron de Kercim, porte le dossier havrais. « Nous voulons construire une usine de broyage de clinker. L’usine sera identique à celle que nous venons d’ouvrir à Saint-Nazaire. L’activité consistera à importer du clinker par navires. Il sera ensuite réexpédié sur l’Île-de-France par voie fluviale ou par train. Le projet a été jusque-là ralenti à cause de quelques problèmes techniques débattus avec le Grand port maritime du Havre. Il s’est agi notamment de problèmes relatifs au déchargement des navires et au chargement des péniches. Nous en sommes actuellement sur les derniers réglages. Le dossier avance dans le bon sens », explique Jean-Marc Domange. L’usine, qui devrait s’étendre sur 5 ha, bénéficiera des 230 m de quai de l’ancien Alpha terminal inutilisé depuis 2008 et situé non loin du centre multivrac. « Il n’y a plus d’obstacles juridiques et techniques. Nous sommes désormais en phase de montage financier. Les investisseurs se montrent plutôt enthousiastes. Le bouclage pourrait intervenir en septembre. Le début des travaux pourrait démarrer à la fin de l’année ou début 2014. » La construction de l’usine devrait durer 18 mois. La mise en route de la production pourrait se faire dès 2015.
Du ciment 100 % made in France
« L’usine aura une capacité de 600 000 t par an au bout de quatre années d’exploitation. Une partie de la production est destinée à l’Île-de-France mais aussi à la Basse et Haute-Normandie. L’activité devrait générer 45 emplois directs et 120 emplois indirects. » Aux critiques qui émanent de la CGT chez Lafarge, Jean-Marc Domange rétorque que l’usine produira « 100 % made in France ». « Le clinker importé proviendra des pays de l’Union européenne et accessoirement de Turquie. La Turquie représente aux alentours de 25 % de nos approvisionnements. » Le patron de Kercim en a conscience, le marché du ciment connaît depuis la crise de 2008 des hauts et des bas. « C’est un marché cyclique. Nous espérons une reprise pour 2014-2015, mais il faut voir les choses à long terme. Nous investissons pour une cinquantaine d’années. » Le montant de l’investissement pour Vracs de l’estuaire est de 50 M€.