Pilotes, lamaneurs et remorqueurs accusent une baisse d’activité

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« La baisse du nombre de navires opérés a été compensée par le fait que le port de Bordeaux reçoit de plus en plus de gros porteurs, notamment pour les céréales, les granulats et également les hydrocarbures, ce qui assure un maintien des volumes pilotés », indique Christophe Reux, réélu président des pilotes de la Gironde le 29 mars.

Des trafics, pas forcement significatifs en tonnage mais nécessitant les services du pilotage, ont de même boosté leur activité telle que le transport des éléments de l’Airbus A380 par barges fluviales, tout comme l’accueil de navires de croisière, filière en plein essor. De plus, les services de pilotage sont intervenus sur des chantiers ponctuels liés au BTP, comme la construction du pont levant Chaban Delmas sur la Garonne, les travaux de renforcement du pont Eiffel sur la Dordogne et, sur ce même fleuve, l’édification du pont TGV. « Nous complétons aussi notre activité par des interventions auprès des opérateurs fluviaux pour du pilotage et de la formation de capitaines. Plusieurs interventions de ce type sont prévues, notamment en 2014 », précise Christophe Reux.

En termes d’investissement, les services de pilotage qui ont renouvelé leur parc entre 2008 et 2011 (soit actuellement trois vedettes et un hélicoptère) ont finalisé, en 2012, l’achat d’un simulateur de manœuvre pour un total de 400 000 €. « Il nous a permis notamment de nous entraîner pour le passage sous le nouveau pont levant Chaban Delmas qui vient d’être inauguré [la première levée du pont Chaban Delmas s’est déroulée le 1er avril pour accueillir le paquebot Astor, premier navire d’une saison prévoyant 39 escales]. Cet outil s’avère intéressant, plus particulièrement pour récréer des situations de navigation rares et critiques. Les zones de Bassens, d’Ambés et du Verdon viennent d’être numérisées et nous finalisons la modélisation des courants afin de pouvoir élargir les zones de simulation. » De même, l’an dernier, les pilotes ont procédé à la rénovation de leur ponton d’accueil de vedettes au Verdon et ont installé leur propre station d’avitaillement en gasoil, « afin d’une part de faire des économies en évitant d’aller jusqu’à Royan et d’autre part pour nous rendre davantage autonome ».

Une nouvelle vedette pour le lamanage

Employant 22 salariés et dotée d’un parc de quatre vedettes, la société de lamanage du port de Bordeaux enregistre sur 2012 un ralentissement de 5 % de son activité, s’inscrivant dans une baisse continue sur ces trois dernières années. « Nous avons particulièrement pâti d’une baisse d’interventions au niveau des trafics hydrocarbures. Nous ne sommes pas dans une bonne position actuellement, mais sans être pour autant pessimiste. 2013 sera sans doute similaire à 2012. Quant aux projets de développement du port, il y a des discours, mais les faits ne sont pas là. Contrairement à d’autres ports, Bordeaux semble limité dans ces possibilités d’investissements », analyse Alain Chalmé, gérant de la société de lamanage du port de Bordeaux. Durant l’année dernière, la société a investi près de 220 000 € pour remplacer leur ancienne vedette datant de 1975 par une construction neuve, une vedette aluminium polyvalente de 8 m de long et de 3 m de large, dotée d’une motorisation de 300 chevaux, qui « nous permet d’intervenir plus efficacement sur les zones de Bassens et Ambès ».

Remorquage: vers les énergies renouvelables

L’entreprise de remorqueurs rouennaise Thomas Services Maritimes (TSM), qui dispose de 20 navigants pour œuvrer sur les terminaux girondins, a procédé courant 2012 à davantage de manœuvres en nombre de navires – notamment durant le second semestre –, mais également sur de plus gros porteurs. « Cette hausse n’est que 1,5 %. L’année aura donc été moyenne, mais notamment parce que nous avons trouvé des compléments d’activité et de revenus en intervenant sur la construction du pont Chaban Delmas, mais aussi sur des chantiers d’hydroliennes à Brest. Proposer nos services dans le secteur des énergies renouvelables est une nouvelle démarche que nous proposons et qui nous permet de rester compétitifs au final sur nos tarifs », mentionne Loïc Thomas, le p.-d.g. de cette société de remorquage, qui, sur Bordeaux, amortit notamment un investissement conséquent réalisé en 2008 et 2009 lors de l’achat de deux nouveaux remorqueurs. Quant à des investissements futurs, la prudence reste de mise. « L’un des problèmes est notamment le manque de lisibilité sur la possibilité de passer d’un effectif de quatre à trois navigants par remorqueur. Le frein vient de l’administration et nos demandes n’ont pas abouti. Ça reste un sujet compliqué et pénalisant pour nos sociétés. Il nous suffirait de changer de pavillon pour obtenir l’autorisation, mais le remorquage français est sous pavillon français et on souhaite le défendre », précise Loïc Thomas.

Accès nautique: une nouvelle passe à l’entrée de l’estuaire

Ces dernières années, la passe Ouest, située à l’entrée de l’estuaire de la Gironde, à une douzaine de kilomètres au large des côtes, a donné du fil à retordre aux pilotes. « Cette zone est devenue de plus en plus malhabile à négocier par gros temps au niveau du banc du Matelier. Au fil du temps, son tracé n’a cessé de se modifier. De plus, les bancs de la Mauvaise et de la Coubre ont gagné vers le Sud, obligeant le port à déplacer une bouée, ce qui accentue les zigzags lors de la navigation. Des travaux se sont avérés nécessaires », constate Christophe Reux, président des Pilotes de la Gironde.

Ces travaux devraient justement débuter à l’automne 2013, une fois l’enquête publique menée, et se terminer au printemps 2014. Un chantier colossal pour désensabler cette fameuse passe Ouest draguée pour la quatrième fois depuis la fin du XIXe siècle. Fruits d’une étude menée depuis 2004 via une modélisation des scénarios de rectification, ces travaux permettront de redessiner une nouvelle passe située plus au sud-ouest, plus rectiligne, plus profonde (15 m) et plus facile d’entretien (extraction de seulement 200 000 m3 au lieu de 500 000 m3). « Le tracé du reste du chenal, au large des habitations, lui, en revanche, restera inchangé », tient à préciser Christophe Reux.

Par ailleurs, le port de Bordeaux projette d’améliorer ses tirants d’eau pour la remontée, notamment jusqu’à Bassens. Tant les avaries à répétition de la drague Pierre-Lefort que l’ampleur et le coût de la tâche (100 km de chenal à draguer) ont conduit à une dégradation progressive de ses tirants d’eau qui atteignent à peine aujourd’hui sur Bassens les 9,30 m. Pour améliorer la navigation, très prochainement, le port devrait ainsi réceptionner une nouvelle drague, l’Anita-Conti. Selon Christophe Reux, « l’idéal serait de pouvoir atteindre un tirant d’eau de 9,50 m en sortie de Bassens aval par toute marée, ce qui faciliterait l’accueil de gros porteurs ».

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