JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS LA DÉGRADATION DE L’ÉTAT DE L’OUTILLAGE?
CYRIL MAURAN (C.M.): Durant les trois années de la réforme, l’ancienne direction du port, télécommandée par Dominique Bussereau, a laissé se dégrader l’état de l’outillage. Cependant, depuis le changement de direction, le port a fait ce qu’il fallait pour redresser la situation et mis des moyens sur notamment le portique 201 au Verdon, dont les travaux ont été très coûteux, ou sur les grues 280 et 231 de Bassens. Les problèmes actuels sur la maintenance et le manque de réactivité du port comme de BAT ne proviennent pas, selon nous, du montage de BAT, mais d’une difficulté de dialogue avec le président de BAT, qui a une double casquette (étant également dirigeant de Sea Invest) et qui entretient un climat nébuleux et des réponses floues. En outre, les problèmes rencontrés au niveau du dépannage des grues (niveau 1 et 2) assuré par BAT découlent directement d’un sous-effectif. Pour rappel, seuls 47 salariés ont été transférés à BAT lors de la réforme, alors que nous étions auparavant 72 à travailler à l’exploitation au port, époque où le taux de panne était alors très réduit.
JMM: ÊTES-VOUS INQUIETS POUR L’AVENIR DE BAT?
C.M.: Oui, avec 1,2 M€ de déficit, son état est catastrophique. Lors de la réforme, nous avions pourtant présenté un business plan qui prévoyait exactement ce qui est en train de se passer et que personne n’a pris au sérieux. Nous avions pourtant raison. La santé financière de BAT est aujourd’hui très préoccupante et, en revanche, les promesses de tonnages sont loin d’être là. Voilà le résultat de la réforme. Aujourd’hui, nous attendons que les actionnaires de BAT mettent en place des projets de développement. Or, pour l’instant, le seul plan d’action qui nous a été proposé est de réduire les effectifs, notamment les six emplois basés sur le Verdon. Il en est hors de question, ce ne sera pas le personnel qui a déjà fait des concessions lors de la réforme qui paiera l’addition. Enfin, nous refusons de condamner toute activité au Verdon qui a un vrai potentiel dans la filière conteneur.
JMM: COMMENT VOUS POSITIONNEZ-VOUS FACE AUX DÉCISIONS QUI RISQUENT DE DECOULER DE CETTE SITUATION?
C.M.: Pour l’instant, nous avons réussi à préserver la paix sociale, mais si la direction de BAT poursuit son idée de réduction d’effectif et de l’outillage, ce ne sera plus le cas. Nous nous opposons également à ce que BAT récupère l’ensemble de la maintenance, car cela serait contraire aux engagements pris lors de la réforme. Il suffirait juste que le contrat de maintenance soit géré par des personnes prêtes au dialogue. Il y a actuellement trop de mauvais esprit. Enfin, nous ne voulons pas laisser mourir le Verdon. Il va falloir investir. Nous attendons des réponses de la Région et de l’État. Ce dernier a voulu cette réforme. Nous attendons d’avoir une expression de cette volonté.