En 2012, le trafic fluvial depuis les terminaux du port de Bordeaux s’est soldé par un tonnage de 133 000 t. Au vu du tonnage total du port, le chiffre peut paraître modeste, mais constitue pourtant un record fluvial. En six ans, il a ainsi grimpé de 30 %. Très médiatisé, le transport des barges, chargées des éléments de l’A380, continue ses va-et-vient spectaculaires sur le fleuve entre Pauillac et Langon. Depuis la mise en place de cette logistique en 2004, plus de 120 avions au total ont été livrés. Bien que pour le port, ce trafic se traduise par des tonnages faibles (16 200 t en 2012), il n’en a pas moins été multiplié par quatre depuis ses débuts. Et les cadences d’aujourd’hui, 30 avions transportés par an, ne cessent d’augmenter pour atteindre, selon les prévisions d’Airbus, 37 avions en 2014.
D’autres trafics, cependant, empruntent les chenaux de la Garonne. Depuis 2008, un nouveau trafic fluvial a vu le jour pour acheminer entre Bassens et la presqu’île d’Ambès près de 60 000 t de diester. En parallèle, environ 2 000 t de céréales, issues des îles de la Garonne, sont rapatriées pour le compte de la Semabla à Blaye. Bien rodé, le trafic des huiles de Lesieur (55 000 t en 2012), entre le site de Bacalan et Bassens, prendra fin courant 2014, lorsque la nouvelle unité de conditionnement d’huiles, rejoignant le site de décorticage de Saipol sur Bassens, sera opérationnelle.
Un projet déposé dans le cadre du RTE-T
Cependant, de nouveaux horizons s’ouvrent. Face à la multiplication des chantiers de construction sur l’agglomération et à l’engorgement routier, le port de Bordeaux envisagerait un acheminement fluvial de granulats et/ou d’évacuation de déchets entre, par exemple, le nouveau terminal de Grattequina ou celui de Bassens et des centrales à béton proches des grands chantiers, notamment Euratlantique. « Un premier projet de développement fluvial a été présenté à l’Ademe mais n’a pas été retenu. Nous l’avons simplifié et présenté de nouveau dans le cadre du RTE-T, le Réseau transeuropéen de transport, afin d’obtenir une aide financière pour une étude de faisabilité et d’évaluation des infrastructures. La réflexion porterait aussi sur un système de mise en relation, via les nouvelles technologies, entre les offres de transport et les demandes des sociétés », indique Étienne Naudé, directeur de la stratégie et du développement au port de Bordeaux. « À l’horizon des cinq ans, ce projet pourrait prendre la forme d’une logistique urbaine fluviale pour desservir, par des trafics intérieurs, les commerces du centre-ville de Bordeaux.
Autre axe de développement envisagé: un circuit fluvial qui desservirait, depuis le Verdon, différentes platesformes allant même jusqu’à Langon. Selon le port, ce feeder pourrait escaler à Blaye, ce qui permettrait de compenser l’absence de franchissement routier à la pointe de l’estuaire et d’élargir ainsi l’hinterland. « Il pourrait même desservir Bassens dans le cadre, par exemple, d’un transport de conteneurs. Si nous voulons développer le terminal du Verdon, il faut trouver d’autres alternatives à la route », précise Christophe Masson.