Une quatrième année de crise

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Le secteur de la construction navale a été fortement touché en 2012 avec seulement 49 Mtpl de commandes passées, soit une baisse de 45 % par rapport à 2011. Le carnet de commandes ne représente désormais plus que 17 % de la flotte mondiale en service contre 25 % en 2011. En revanche, les livraisons commencent pour la première fois à refluer, avec environ 149 Mtpl contre 159 Mtpl un an auparavant.

Un sentiment de prix plancher atteint

Il y a eu 37 Mtpl de nouvelles commandes en 2012 contre 72 Mtpl en 2011. Les commandes de vraquiers et de porte-conteneurs sont en forte baisse. Par contre, les commandes de pétroliers augmentent un peu de 8,4 Mtpl à 10 Mtpl, alors qu’elles ont été très peu nombreuses l’année d’avant. Le carnet de commandes des porte-conteneurs qui a augmenté en 2011, diminue de 51 Mtpl fin 2011 à 41 Mtpl fin 2012. Ce marché reste dominé par la Corée avec 56 % de parts de marché.

Les prix de vente en dollar ont diminué de 5 % à 10 % tout au long de l’année 2012, une baisse entretenue par une demande trop faible pour la capacité totale de construction. Une situation qui a exacerbé la concurrence et qui a résolu les constructeurs à prendre des commandes en dessous de leur prix de revient. Selon BRS, « les constructeurs et les armateurs ont de plus en plus le sentiment que les prix ont atteint un plancher ». Cette pression a poussé les constructeurs à réévaluer leur politique commerciale et réduire leur production, ou délaisser progressivement la construction de certains navires conventionnels. Les constructeurs ont pu espérer compenser une partie de leurs pertes initiales par la baisse du prix de l’acier et par l’accroissement de la concurrence entre équipementiers. De leur côté, les acheteurs ont privilégié la sécurité et donné la priorité aux chantiers de qualité. D’autres facteurs ont contribué à la baisse des prix: la concurrence avec le marché de l’occasion, la faiblesse des frets ou encore la rareté des financements.

Toutefois, en dehors des prix, toutes les autres conditions d’achat se sont améliorées au bénéfice des armateurs, notamment grâce à l’introduction par les constructeurs de nouveaux designs bénéficiant d’une meilleure consommation.

Les annulations de commandes se sont poursuivies, mais les volumes concernés ont été moins importants que l’année précédente. BRS estime qu’il y a eu environ 145 annulations en 2012 contre environ 260 en 2011, soit environ 10 Mtpl qui ont été annulés contre 21 Mtpl. Le courtier donne deux principales causes: des constructeurs ont eu des retards au-delà du seuil permettant contractuellement à l’acheteur d’annuler, cela a été le cas surtout en Chine et dans quelques petits chantiers coréens. Il y a eu également des acheteurs qui ne sont pas parvenus à monter leur financement.

La capacité de construction qui a été portée à 200 Mtpl est en cours d’ajustement rapide et diminue: 70 Mtpl de navires ont été commandés en moyenne entre 2009 et 2012 contre 180 Mtpl entre 2006 et 2008. Plusieurs chantiers ont cessé leur activité. Par ailleurs, les armateurs ont tendance à donner désormais la priorité aux chantiers de qualité offrant de meilleures garanties dans l’exécution des contrats de construction sur les plans techniques et financiers. Les volumes de démolition ont été de 57 Mtpl en 2012 et sont en augmentation.

« La crise n’est pas terminée »

Les experts de BRS penchent pour de nouvelles fermetures en 2013 ainsi que pour la réorientation de la production vers d’autres activités industrielles. Ils prévoient par ailleurs une réduction importante des livraisons à partir de 2013 ainsi qu’une accélération de la démolition. Les constructeurs résistent de plus en plus à la pression des acheteurs. Ils ont déjà dû consentir à plus de 55 % de réduction de leurs prix, depuis les plus hauts de 2008, et rechignent à faire de nouvelles concessions. Il y a une possible remontée des coûts de construction en 2013 en raison notamment de l’augmentation du prix de l’acier.

Néanmoins, pour BRS, « la crise qui touche le secteur n’est pas terminée ». Plusieurs raisons sont ainsi évoquées par le courtier, notamment la capacité de construction qui demeure excessive et les livraisons massives qui se poursuivent alors que le secteur est déjà touché par une forte surcapacité. La concurrence acharnée entre constructeurs pourrait s’aggraver en 2013 et les armateurs rencontrent toujours des difficultés à se financer. Enfin, les marges chez les constructeurs et les armateurs se sont fortement réduites. Les consultants de BRS remarquent par ailleurs que « beaucoup de constructeurs prennent conscience de la nécessité d’ajuster leur capacité de production à la demande ».

Le total des livraisons sur l’année 2013 devrait être de près de 164 Mtpl, un chiffre qui pourrait être amené à 125 Mtpl après la prise en compte des annulations ou retards éventuels. L’année 2013 sera la dernière année de livraisons massives. Dès 2014, les livraisons devraient retomber à environ 65 Mtpl.

De nouveaux designs plus performants à faible consommation ont été développés en 2012. Si, durant les années du boom, personne ne s’est soucié des dépenses de fuel et encore moins des économies possibles, il est désormais crucial de réduire les dépenses de combustible, une nécessité que cherchent aujourd’hui à offrir les constructeurs à leurs clients. La pression réglementaire avec, par exemple, la multiplication des zones Seca et l’obligation des navires à satisfaire des indices caractéristiques d’un faible niveau de pollution, poussent également les constructeurs dans ce sens.

Panorama des pays constructeurs

La Chine reste le premier constructeur avec 45 % de parts de marché et 111 Mtpl en commande fin 2012. Néanmoins, le pays suit la tendance mondiale et son carnet de commandes diminue depuis le pic de 208 Mtpl fin 2009, pour atteindre désormais 111 Mtpl. Les chantiers navals chinois ont par ailleurs souffert de nombreuses annulations de commandes avec près de 4,5 Mtpl. La Corée maintient son rang de 2e constructeur mondial en 2012 avec un carnet de commandes toutefois en diminution à 70 Mtpl fin 2012, contre 109 Mtpl fin 2011. Les constructeurs coréens ont porté leurs efforts vers la production d’unités plus sophistiquées, comme les méthaniers dont ils possèdent 85 % de parts de marché. Le Japon demeure quant à lui au 3e rang avec 18 % des parts du marché. Les constructeurs locaux ont été pénalisés par un yen fort. BRS note un fait marquant: les commandes, principalement constituées de vraquiers, ont augmenté en 2012 à 11,2 Mtpl contre 10 Mtpl en 2011. Le carnet de commandes des armateurs européens n’atteint plus que 3 Mtpl en 2012 contre 4,3 Mtpl en 2011. La zone européenne ne représente désormais plus que 1 % du carnet de commandes mondial en tpl. Quant aux nouvelles commandes 2012, elles sont en repli et représentent 0,25 Mtpl contre 1,4 Mtpl en 2011. Les chantiers du reste du monde regroupent 17 Mtpl, soit 7 % du marché. BRS note l’essor de la construction navale brésilienne qui emploie aujourd’hui près de 60 000 personnes, contre à peine 2 500 à la fin des années 1990.

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