« En 2012, les taux observés ont atteint des sommets, pour le marché du transport maritime de GNL, assure le courtier. Par exemple, des niveaux de 125 000 $/j ont été atteints pour des affrètements à temps de deux à trois ans. » L’euphorie des échanges de GNL par voie maritime enregistrée en 2011 s’est ainsi poursuivie en 2012, même si la situation a été un peu plus calme. En effet, en 2012, seulement 6 Mt/an de capacité de liquéfaction ont été ajoutées à la capacité globale d’environ 275 Mt/an, explique le rapport BRS pour le marché du transport de gaz naturel liquéfié (GNL). Autrement dit, l’offre de GNL s’est légèrement contractée. Le ralentissement des capacités de liquéfaction enregistré l’année passée va se poursuivre jusqu’en 2015. À partir de cette date, les capacités disponibles vont repartir à la hausse avec la mise en service des trains de liquéfaction australiens et américains. « C’est en effet une véritable révolution qui a commencé aux États-Unis avec la valorisation des gaz de schiste et l’émergence de projets d’exportation de gaz sous forme liquide », estiment les auteurs du rapport BRS. Fin 2012, il y a plus de 20 projets d’exportation de GNL à partir des États-Unis, représentant une capacité cumulée d’environ 230 Mt/an, soit environ 80 % de la capacité de liquéfaction mondiale actuelle. Même si tous les projets américains ne voient pas le jour, « il est acquis que les États-Unis vont devenir un acteur prépondérant dans le marché du GNL, et cela aura un impact sur le marché mondial ». Le coût du GNL en direction de l’Asie devrait être très compétitif par rapport à celui provenant des pays du Golfe, estime le courtier. Le GNL américain pourrait ouvrir une nouvelle route passant par le canal de Panama et relier le golfe du Mexique aux marchés asiatiques. Cette nouvelle route induira un allongement significatif des temps de transit maritime, relève le courtier, puisque les distances représentent environ trois fois la distance entre l’Australie et le Japon. Elle pourrait aussi entraîner la mise au point de navires appropriés aux contraintes du canal et des terminaux asiatiques.
La flotte va fortement s’accroître jusqu’en 2017
Le paysage maritime du transport de GNL pourrait connaître une autre révolution dans les années à venir avec « les grandes ambitions de la Russie », en lien avec le projet Yamal situé dans la mer de Kara et l’utilisation de la route Arctique pour exporter le gaz aussi bien vers l’Europe que l’Asie. Il est prévu un besoin de 16 navires méthaniers pour exporter le gaz des champs de Yamal sous forme de GNL. « Pour les projets utilisant la route Nord, même si les distances seront plus courtes, le coût du shipping sera plus important », continuent les experts de BRS. Deux raisons à cela: la nature des navires, qui demandent un investissement supérieur pour être adaptés aux conditions de navigation glace, et des coûts opératoires plus importants avec l’assistance impérative de brise-glace. En 2012, seulement deux méthaniers de plus de 140 000 m3 ont rejoint la flotte. « C’est le niveau le plus bas depuis 2001 et le reflet de l’absence de commande en 2009 », explique BRS. La situation va être bien différente en 2013 avec l’arrivée prévue de 24 méthaniers. En 2014, 34 unités devraient être mises en service. En pourcentage, la flotte va s’accroître de 17 % en deux ans. Et BRS a compté 94 méthaniers en commande auprès des chantiers de construction avec des livraisons s’étalant jusqu’en 2017. Le courtier constate que la taille des navires en commande a tendance à s’élever: « la taille de 170 000 m3 devient un nouveau standard ». Ces arrivées de tonnage supplémentaire vont, dès 2013, créer une surcapacité qui ne sera pas compensée par la mise en service de quantité de GNL additionnelle à transporter. Le marché du transport maritime de GNL pourrait donc connaître un certain ralentissement entre 2013 et 2015, avant de repartir à la hausse à partir de 2016. Au-delà de cette date, les perspectives sont particulièrement positives. D’autant plus que la part du GNL devrait s’accroître dans le mix énergétique mondial, ce qui devrait soutenir le marché et favoriser l’accroissement des flux de transport de cette matière première.