En 1949, dès les premiers jours de l’année, la Chine occupe le devant de la scène. Dans un monde qui se remet lentement de la Guerre mondiale, la Chine préoccupe les milieux maritimes mondiaux en raison de la poussée des troupes de Mao Zedong. Au mois de janvier, les communistes ont pris le contrôle de Pékin et de Nankin, les capitales politique et économique du pays. Dès le mois de janvier, Le Journal de la Marine Marchande (JMM) rapporte les premiers pourparlers entre le gouvernement chinois, alors entre les mains du Kuomintang, et les Américains et les Anglais pour la livraison de produits de secours. Il est prévu d’autoriser les Américains à faire transiter leurs produits par Hong Kong, sous domination britannique, en échange pour les Britanniques d’avoir le droit à naviguer dans les eaux intérieures chinoises. La communauté maritime chinoise s’oppose à cet accord. Les dissensions dans le pays ont des conséquences sur les trafics. Les produits stockés à Shanghai sont réacheminés soit à Hong Kong soit à Canton. Ceux qui ne peuvent être exportés sont vendus « à des prix qui ne couvrent généralement pas les prix de revient », note le JMM le 13 janvier 1949. Un phénomène qui va rapidement saturer le port de Hong Kong en produit chinois et étranger destiné au marché chinois.
Le 24 février 1949, les armateurs britanniques décident de renouer avec les ports de la Chine du Nord. Ils envoient les premiers navires dans le port de Tientsin (aujourd’hui Tianjin), aux portes de Pékin. Les compagnies chinoises s’insurgent contre l’arrivée de sociétés étrangères alors que les lois accordent un monopole de pavillon à la navigation côtière chinoise. La Corporation de la navigation de Shanghai s’est inquiétée de la présence de navires étrangers dans ce port auprès de Mao Zedong. Le Grand Timonier a répondu par un message à la radio « que tous les navires qui arrivent avec de la farine à échanger contre du charbon seront autorisés à entrer dans les ports de Chine du Nord », indique le JMM. Dans son édition du 2 juin, le JMM indique que Shanghai est désormais entre les mains des troupes de Mao Zedong depuis quelques jours. Le 26 juin à minuit, le blocus des ports de Chine par les troupes nationalistes est entré en vigueur. Le 29 juin, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont fait savoir aux nationalistes chinois que ce blocus n’est pas légal à leurs yeux. Pour être légal, il doit être efficace, ce dont les deux États ne sont pas persuadés. Entre-temps, le 1er juin, le port de Shanghai est de nouveau ouvert à la navigation sous conditions posées par le gouvernement de Pékin. Et déjà, les compagnies étrangères annoncent leur retour dans le port du Yang Tsé. Mao Zedong déclarera le 1er octobre 1949 la République populaire de Chine. Le 10 novembre, les armateurs de la conférence Extrême-Orient reprendront leur liaison avec Shanghai en délivrant des connaissements directs sur le port de la Chine centrale. Ces frets seront majorés d’une surcharge si le navire doit transborder à Hong Kong.