L’assemblée générale annuelle d’Armateurs de France s’est déroulée le 2 avril à Paris. Lors de la conférence de presse organisée à l’issue de la réunion, Raymond Vidil, président d’Armateurs de France, a rappelé la violence de la crise économique qui frappe les économies mondiales depuis 5 ans et l’absence de perspective d’évolution positive dans les mois à venir en termes de croissance. En 2012, le déséquilibre entre la demande et l’offre de transport s’est accentué, entraînant une pression toujours plus forte sur les taux de fret. « La crise a même été mortelle pour deux de nos adhérents, a continué Raymond Vidil, Seafrance en 2011 et BW France en 2012. » Il a aussi indiqué que « plusieurs compagnies françaises envisagent des réductions d’effectifs, pour l’instant sous la forme de plans de départs volontaires ». Au 1er janvier 2013, Armateurs de France a compté 34 navires sous pavillon français de moins qu’au 1er janvier 2012, soit une baisse des effectifs de 300 marins et officiers. Un signe de plus des difficultés de la filière française du transport et des services maritimes située aux avants postes de la mondialisation.
Transformer les paroles en actes
Au vu de cette importance de la filière et de ses difficultés grandissantes, l’organisation « attend du gouvernement que les déclarations d’intention renouvelées depuis 10 mois se transforment maintenant en actes ». Armateurs de France veut des réponses sur trois dossiers. Le premier concerne la lutte contre la piraterie au large de l’océan Indien. Le deuxième porte sur la réforme de la loi de 1992 sur le régime pétrolier. Le troisième sujet est la mise en application de l’annexe VI de Marpol sur la désulfurisation des émissions des navires en Baltique et Manche à partir du 1er janvier 2015 (voir encadrés). En l’absence de réponse du gouvernement, par la voix du ministre en charge des Transports, convié à s’exprimer lors du cocktail d’Armateurs de France, l’organisation menace de laisser « libres ses adhérents de choisir la survie de leur entreprise au détriment du pavillon français ».
Un délai pour la mise en place de la directive Soufre
La directive Soufre, conduite par la Commission européenne et visant à réduire à 0,1 % l’émission de soufre des navires au 1er janvier 2015, fait partie des points jugés décisifs par l’AMF pour le secteur maritime. L’association a mis en avant l’incapacité, au niveau européen, de faire agir l’Organisation maritime internationale pour trouver un accord sur le choix du système qui répondrait aux nouvelles normes environnementales. Les armateurs souhaitent de leur côté adopter le GNL (gaz naturel liquéfié), mais aucune décision n’a pour le moment été prise et un délai est nécessaire, selon Raymond Vidil, président d’Armateurs de France: « On a déjà fait beaucoup d’efforts avec énormément de surcoûts. » Un report que demande également Jean-Marc Roué, p.-d.g. de Brittany Ferries. Sa compagnie a commandé des navires juste avant que la directive Soufre ne soit abordée par la Commission européenne, et les surcoûts engendrés par le système alternatif au fuel lourd « risquent de peser sur l’emploi de 400 personnes ».
Pour des hommes armés, des entreprises de sécurité privées à bord des navires français
« Tout au long de 2012, Armateurs de France a plaidé auprès du gouvernement pour une ouverture de la protection des navires et des équipages français aux entreprises privées de sécurité, dans les cas où l’embarquement d’équipes de militaires français s’avère impossible. Nous n’avons rien obtenu », a déploré Raymond Vidil. Pour l’organisation, il ne s’agit pas de remettre en cause l’excellent travail mené par et avec la Marine nationale. Il s’agit de s’assurer de la sécurité de tous les navires et équipages français amenés à naviguer au large de l’océan Indien. Sachant que, dans 25 % des cas, les demandes de protection des navires français ne peuvent être satisfaites par la Marine nationale, faute de disponibilité ou de temps. L’impossibilité de recourir à des hommes armés d’entreprises privées de sécurité est aussi « un handicap pour les armements français, confrontés à la concurrence de pavillons tiers, y compris européens, qui garantissent, eux, une protection privée en tout temps et tout lieu ».