Comment, en pleine crise, alors que le chômage ne cesse de s’aggraver, en plein conflit de la manutention et alors que le port n’a pas gagné pas de parts de marché, 2 200 emplois ont pu être gagnés sur ces cinq ans? « Avec 43 500 emplois liés à l’activité portuaire en 2011 et 3,5 Md€ de valeur ajoutée, le port de Marseille confirme son rôle moteur de l’économie locale », souligne le communiqué. L’assertion est moins surprenante, mais on peut s’interroger sur la méthodologie employée. À commencer par les collecteurs de données. Les derniers chiffres ont été réunis par le cabinet Sémaphores qui les compare à ceux d’un autre cabinet, Entreprises et Territoires. « Ces résultats sont proches de ceux mesurés par l’OCDE avec ses propres méthodes », indique au passage le GPMM. Avant de finalement annoncer qu’il « souhaite à présent mettre en place un partenariat avec l’université, l’Insee et les collectivités qui permettra de mesurer de façon plus continue son rôle dans l’économie régionale ». Il était temps.
Comment et où le port a fait reculer le chômage? « Les professions portuaires résistent plutôt bien dans le contexte actuel et comptent 5 % d’emplois de plus qu’en 2007 (soit 13 100) », indique l’étude. Dans quels secteurs précis? On n’en saura pas plus. « C’est sans conteste la logistique terrestre qui tire le mieux son épingle du jeu avec une croissance de 12 % des effectifs liée à l’activité portuaire depuis 2007 (soit 11 500 emplois), grâce à l’ouverture de nouveaux entrepôts. » Le développement des plates-formes logistiques comme Distriport, Clesud ou La Feuillane s’est effectivement révélé payant en termes d’emplois. Mais plus que dans d’autres territoires de l’Hexagone où de telles bases logistiques se sont implantées?
Les 20 % manquant
Si les professionnels portuaires et la logistique terrestre – deux domaines agrégeant 57 % des emplois portuaires – ont bien progressé, qu’en est-il des autres? Les effectifs industriels du département liés au port (qui représentent 22 %, soit près de 16 000 emplois) auraient chuté, « effet de la crise », de 6 % sur la période. « Les territoires où l’emploi lié était plus industriel, comme la communauté d’agglomération de Martigues et Berre-Salon, voient l’emploi généré par le port diminuer depuis 2007 (− 2 % et − 3 %) », précise le GPMM en rappelant que « dans la zone industrialo-portuaire de Fos, 9 800 emplois liés sont comptabilisés dans 165 établissements ».
Qui sont les 20 % restés dans l’ombre des statistiques? Le communiqué ne l’indique pas. Au passage, il est révélé que « l’impact du port sur la zone arrière portuaire de Marseille (définie comme les 2e, 3e, 14e, 15e et 16e arrondissements) montre que 13 000 emplois sont liés au port, dans 506 établissements. Cela représente 18,5 % de l’emploi total des cinq arrondissements qui longent le littoral Nord de la ville ». Une précieuse indication alors qu’est questionné l’espace du domaine portuaire dans la cité phocéenne.
Visiblement disposé à faire chiffres de tout bois, le GPMM se délecte déjà de la prochaine levée de statistiques. « Dans les prochaines années, l’augmentation attendue du nombre de conteneurs – le trafic le plus porteur d’effets d’entraînement positifs sur le territoire – devrait venir encore renforcer le poids économique du port dans son environnement local. » Aujourd’hui tout va bien, mais le meilleur est pour demain.