Arnaud Ranjard mesure le changement d’échelle de la logistique portuaire. « Avec la taille des navires, nous sommes passés de l’ère des porte-conteneurs qui déchargeaient quelques centaines de conteneurs, à des escales de 1 000 à 3 000 boîtes. L’important pour notre port est donc d’éviter la congestion et de dégager les conteneurs le plus rapidement possible. » Marseille-Fos doit répondre au défi de la massification des conteneurs. « Cette massification suscite les plateformes intérieures de collecte et de distribution. Elle appelle le développement du transport fluvial et ferroviaire. »
2012 a été marquée par une nouvelle progression pour laquelle les conteneurs (75 500 EVP, + 13 %) et les diverses en général (896 kt, + 25 %) ont joué un rôle moteur. Le port veut aller plus loin. On la croyait enterrée dans un inextricable feuilleton administro-écologique, la liaison du canal du Rhône au fond de darse 2 refait surface. Le projet est réinitialisé et classé parmi les nouveaux investissements stratégiques afin d’attirer les barges de 280 conteneurs sur Fos 2XL.
Les liaisons ferrées constituent l’autre dossier dur. Aujourd’hui, la ligne Fos-Graveleau-Lavalduc (qui dessert notamment Fos 2XL) est limitée à 21 mouvements de trains par jour en raison d’un mode d’exploitation contraint. L’installation d’une signalisation automatique et le renforcement de l’alimentation électrique (caténaires) permettront d’atteindre 60 mouvements de trains par jour d’ici la fin de l’année. Le trafic peut encore être augmenté, notamment via une commande centralisée de toute la zone de Fos et un doublement de certaines sections à voie unique.
Côté Mourepiane, le chantier pour permettre une importante amélioration des entrées/sorties du port de Marseille est à double détente. Dans un premier temps, il faut mettre au gabarit « autoroute ferroviaire » l’axe Avignon-Cavaillon-Miramas-Mourepiane et rouvrir le raccordement de Mourepiane. La mise au gabarit du tunnel de la Nerthe devrait s’achever dans les semaines qui viennent, tandis que la remise en service du raccordement ferroviaire est prévue pour le 2e semestre 2014. Parallèlement, le GPMM travaille à la création du terminal combiné de Mourepiane qui mixera trafic conteneurs portuaires et caisses mobiles pour la distribution urbaine.
« Après avoir reconnu le port comme un nœud stratégique, la commission Transports du Parlement européen l’a inscrit sur deux corridors ferroviaires, Amsterdam-Marseille (no 9) et Algésiras-Budapest (no 3) », se réjouit Arnaud Ranjard. « Cette reconnaissance nous rend éligible à certains investissements au niveau des infrastructures. » Une bonne nouvelle quand on sait que ce dernier chantier représente un investissement de 60 M€…
Dernier volet, les plateformes logistiques liées au port confirment leur croissance. En 2012, les zones logistiques de Fos ont séduit Maisons du Monde, IDEC LIFE, Mobilier Européen (Fly et Atlas), Sea Frigo, STEF TFE (entrepôts frigorifiques) et Groupe Charles André. Pour l’instant, aucune annonce d’implantation n’a eu lieu. Mais le GPMM est sur des pistes avec l’extension de 100 ha de Distriport, mis en service dans le courant de l’année, et la zone de la Feuillane.