Le 9 mars, à Port-Saïd, des manifestants ont tenté de paralyser le canal de Suez. Ils ont détaché des amarres de vedettes dans l’espoir de les voir dériver sur le canal et gêner la progression des navires qui passent de la Méditerranée à la mer Rouge et inversement. Ils ont également cherché à empêcher des ferries d’effectuer la traversée du canal. « Les efforts de certains pour perturber le trafic des navires au niveau de la ville de Port-Saïd n’ont pas empêché la navigation sur le canal », a assuré un porte-parole de l’Autorité du canal de Suez dans un communiqué. Plusieurs tentatives du même ordre ont déjà eu lieu au cours des semaines précédentes. Depuis la fin janvier, des violences éclatent régulièrement à Port-Saïd suite à la condamnation à la peine de mort par pendaison de 21 supporters pour leur rôle dans l’émeute et la bousculade qui ont fait 74 morts en février 2012 dans le stade de football de la ville.
Une voie moins évidente
« Le canal de Suez reste l’une des voies de navigation les plus importantes du monde, rappelle le cabinet de courtage britannique Gibson Research. Les autorités égyptiennes font tout pour préserver la navigation sur le canal, étant donné l’importance des revenus de cette infrastructure pour le pays. » Sachant aussi, continuent les experts de Gibson, que l’instabilité politique, la hausse continue des coûts de passage du canal et la piraterie dans le golfe d’Aden rendent moins évident, pour les compagnies, le choix d’emprunter cette voie maritime. Les menaces sur le canal de Suez contribuent aussi à l’augmentation du prix du baril de Brent. Toutefois, en 2012, sur le canal de Suez, le trafic de brut et de produits pétroliers a progressé de 24 % à 138 Mt contre 112 Mt en 2011. L’augmentation porte surtout sur les échanges de ces matières premières entre l’Europe et l’Asie-Pacifique.
Cette hausse du trafic ne concerne toutefois pas les VLCC que les armateurs ont davantage fait transiter par le cap de Bonne-Espérance, souligne la lettre hebdomadaire de Gibson. C’est la raison pour laquelle les tarifs de passage du canal de Suez pour les VLCC ne vont pas augmenter en 2013, non plus que pour les navires desservant les réservoirs de stockage de Sumed. Les coûts de passage des autres types de navires enregistrent par contre des augmentations comprises entre 3 et 5 %. Gibson conseille aux « entreprises de raffinage, aux majors pétrolières et autres sociétés indépendantes situées à l’est et ayant besoin de ces produits, de bien étudier la différence de coûts de transport et le temps de parcours. » D’un point de vue financier, il se pourrait qu’il soit plus intéressant d’emprunter le canal de Suez plutôt que le cap de Bonne-Espérance.