Pour réduire le coût logistique, le gouvernement fédéral brésilien compte accélérer le transfert d’une partie du réseau routier à l’initiative privée. En août, il a annoncé ainsi la reprise des concessions routières, souhaitant faire passer 7 500 km de routes dans le giron du secteur privé. « Le Brésil a vraiment besoin d’améliorer son réseau routier, et les ressources privées sont importantes dans le cadre de cette amélioration », juge Paulo Fleury, directeur de l’Ilos. En effet, les routes brésiliennes sont en piteux état. 200 000 km de routes seulement sont goudronnées, sur un total de 1,7 Mkm. « La reprise [des concessions] est un signal très positif pour le secteur », estime le président de l’Association brésilienne des concessions routières (ABCR), Moacyr Duarte. Les entreprises privées qui proposeront le plus faible tarif de péage devraient remporter des concessions, sachant que les premiers lots devraient être attribués d’ici à la fin du premier semestre. Pour gérer ces projets et ces travaux, le gouvernement a créé l’Entreprise de planification et de logistique (EPL), sur le même mode que l’Entreprise de recherches énergétiques (EPE), qui s’occupe de la planification du secteur électrique depuis près de dix ans. Dix mille kilomètres de lignes de train, à construire ou rénover, sont également concernées par ce vaste projet de concessions. Ce qui pourrait réduire la part du réseau routier au Brésil et redessiner le système logistique du pays. Alors que, par exemple, 43 % de la circulation des marchandises s’opèrent par voie ferrée et 32 % par route aux États-Unis, la nette majorité du trafic se fait via le système routier au Brésil (60 %). Pire: si l’on exclut le transport du minerai de fer (qui se fait uniquement grâce au chemin de fer), le système routier atteint alors un taux de 73 %, tandis que le réseau ferroviaire se limite à 5 % et le transport par voie d’eau à 16 %.
Au total, 133 milliards de reais (53 Md€) devraient être investis d’ici 25 ans, dont 80 milliards (32 M€) dans les cinq prochaines années.
Une bonne nouvelle pour les opérateurs logistiques
Ces futures concessions devraient avoir un fort impact sur l’avenir des opérateurs logistiques – un secteur qui connaît d’ores et déjà une progression annuelle à deux chiffres dans le pays. « La multimodalité va tendre à augmenter, créant des opportunités pour ces opérateurs », confirme Paulo Fleury. Une étude de l’Ilos montre d’ailleurs que 37 % des entreprises s’occupaient de leur propre logistique en 2008. Trois années plus tard, 69 % des entreprises sondées contractaient les services d’une entreprise spécialisée. « Il y a de l’espace pour agrandir le marché de la logistique, car les déficiences du réseau de transport pèsent lourd dans la bourse du secteur productif », conclut-il.