Ce n’est pas parce que DFDS détient 82 % de la nouvelle co-entreprise avec LD Lines que le nom de ce dernier va disparaître. Au cours de l’année 2012, les deux armements ont construit la structure de la nouvelle entité en charge des lignes de l’armement. Aujourd’hui cette structure sera commercialisée sous le nom de DFDS Seaways France, explique le président de LDTF, Peter Kramp. Cette nouvelle société cherche ses propres bureaux et un nouveau directeur général. Christophe Santoni, ancien directeur général de LD Lines et LDTF, est appelé à d’autres fonctions dans le groupe Louis Dreyfus Armateurs.
La naissance de DFDS Seaways France est prévue dans les prochains jours. Elle est issue d’un processus dont la première étape s’est déroulée en juillet. Les routes de LD Lines ont été absorbées par Louis Dreyfus Transmanche Ferries (LDTF) le 1er juillet. Cette société est désormais en charge des lignes assurant les liaisons entre Le Havre et Portsmouth, Dieppe et Newhaven et celle reliant Marseille et Tunis. Le 25 septembre, il a été créé une société sous le nom de NCH qui appartient à 82 % à DFDS et 18 % à LD Lines. Cette société détient 100 % des parts de LDTF. Son siège social sera basé dans le port de Dieppe. Quant aux deux lignes opérées par DFDS entre Calais et Douvres d’une part, et Dunkerque et Douvres d’autre part, elles sont sous la coupe de la holding NCC AS, une société de droit britannique. « De Dunkerque à Marseille, le nom sera DFDS Seaways France pour nos clients », résume le président de LDTF, Peter Kramp.
Une flotte de huit navires
DFDS Seaways France aligne sur ses différentes routes de la Manche huit navires dont une partie est affrétée et dont l’autre appartient directement à DFDS. Deux navires assurent chacun les liaisons entre Calais et Douvres, d’une part, et Dieppe et Newhaven d’autre part. Au Havre, l’armateur aligne un navire, et trois unités sont présentes sur la ligne entre Dunkerque et Douvres. « Dès que nous avons décidé de marier nos deux sociétés sur ces lignes, les clients nous ont réservé un accueil favorable », souligne Peter Kramp. Et pour confirmer cela, il résume l’année 2012 à ces quelques mots: « Pas trop mauvaise. » Il faut dire que l’an passé a été particulièrement difficile avec un marché « terrible ». Depuis Dieppe et Dunkerque, les chiffres s’avèrent être bons. Sur le port normand, tous les secteurs d’activités, passagers, voitures de tourisme et fret, ont enregistré une progression. La situation à Dunkerque est plus mitigée avec une hausse du trafic fret et passagers essentiellement. Quant au Havre, il est moins aisé de comparer puisque l’armateur a revu son offre à la baisse. « En 2011 nous avions deux navires. Nous n’en avions qu’un en 2012. Avec ce seul navire, nous avons réalisé des résultats meilleurs que ceux attendus », confie Jean-Claude Charlo, directeur financier de LDTF. Sur le détroit, l’année a été plutôt mouvementée, commente Peter Kramp. La fin de SeaFrance et l’entrée dans la compétition de My Ferry Link ont sérieusement redistribué les cartes. « L’arrivée de My Ferry Link sur le détroit est une distorsion de concurrence. Nous avons entamé une action devant la justice et nous attendons une décision pour le second trimestre de cette année. » Si l’opérateur exclut toute sortie du détroit, il attend beaucoup de cette décision judiciaire pour affiner sa stratégie. « Elle sera une étape importante pour décider des actions que nous mènerons tant au niveau commercial que sur la flotte », souligne Peter Kramp qui confirme vouloir consolider ses parts de marchés sur la Manche avant d’envisager tout développement. Et DFDS est attaqué de toutes parts. Au Havre, l’annonce par Brittany Ferries de venir avec un navire est dans l’ordre des choses. « C’est la concurrence. Nous avions deux navires, nous n’en avons plus qu’un. Nous serons au Havre et nous allons réfléchir si nous augmentons notre flotte localement. » L’armateur de Roscoff arrivera avec un navire rapide pour proposer des traversées rapides. « Nous avons eu un produit similaire qui commercialement est intéressant mais ne dégage que peu de rentabilité, surtout avec les prix des soutes actuels. Nous conserverons notre offre basée sur des navires classiques. »
Après cette année de nouveauté, la nouvelle structure DFDS Seaways France reste optimiste pour 2013. Sur le lien au départ du Havre, Peter Kramp se dit confiant mais reste réaliste sur les possibilités de croissance. Quant aux autres liaisons, elles seront certainement en croissance. « Nous devons augmenter nos parts de marché, mais les routes du détroit du Pas-de-Calais resteront celles qui seront le plus difficile à rendre rentables. »