Frappé par la sinistrose, le trafic transmanche à partir de Rotterdam est en pleine recomposition. Pour faire face aux vents contraires, les armateurs présents sur ce créneau, qui assurent désormais moins de dix liaisons quotidiennes vers le Royaume-Uni, n’ont cessé de baisser la voilure ces derniers mois. La branche doit même déplorer un « disparu » avec le regroupement des activités transmanche néerlandaises de DFDS et Norfolk Ferries.
Quels que soient les secteurs (fret ou passagers), toutes les compagnies (Cobelfret, DFDS (et Norfolk), P&O et Stena Line) sont logées à la même enseigne. Une politique de restrictions souffle tous azimuts. Outre les plans de réductions de coûts qui sont à l’ordre du jour partout, des suppressions de lignes se aussi sont produites, par exemple Cobelfret qui ne dessert plus Ipswich et Rosslare en Irlande. De son côté, a compagnie Stena a choisi de faire des économies d’échelle en recourant à des navires plus petits.
Le pessimisme est aussi de mise au sein de P&O Ferries. « Le trafic de nos lignes exploitées à partir de Rotterdam est à l’image des conditions économiques. Nous n’enregistrons actuellement quasiment aucune croissance de nos activités et les perspectives à court terme demeurent inchangées vu la conjoncture difficile », prévoit Brian Rees, porte-parole de cette société de navigation établie à Londres. Dans ces conditions, l’augmentation des coûts anticipée avec mise en place en 2015 de nouvelles normes écologiques relatives au carburant des navires, pourrait s’avérer un coup de grâce pour le secteur.
Rotterdam pessimiste sur une reprise de l’activité ferry
Le port de Rotterdam fait preuve de circonspection sur le retour à meilleure fortune des liaisons transmanche à court terme. « Cette activité ne génère aucun bénéfice », annonce d’emblée un responsable de la société d’exploitation de la zone portuaire néerlandaise. Deux facteurs sont à l’origine du marasme qui sévit dans la branche.
Devenu un handicap constant, la concurrence des lignes ferroviaires passant par le tunnel sous la Manche a définitivement tiré un trait sur une partie du chiffre d’affaires.
Mais au-delà, les armateurs sont victimes du ralentissement généralisé de l’activité britannique. « La croissance enregistrée par les armateurs de ferries à partir de Rotterdam n’a pas dépassé 0,5 % l’année dernière, estime un porte-parole du port. Leurs marges bénéficiaires sont sous pression et leurs chiffres d’affaires s’affichent en baisse », explique-t-il.
De fait, seul un redémarrage de l’économie outre-Manche serait susceptible d’augmenter les volumes, à l’instar de cette « éclaircie » qu’a connue le secteur au moment des Jeux olympiques dans la capitale britannique. Mais elle a été de courte durée.