Au printemps 1985, Le Journal de la marine marchande (JMM) suit le projet de la réalisation d’un lien transmanche. Un front d’opposition s’élève contre le projet de lien fixe dont le type n’est pas encore défini: il pourrait être purement ferroviaire, ferroviaire plus navettes ou encore liaison composite ou pont. Les compagnies de transport maritimes, les compagnies aériennes et les ports expriment leur inquiétude pour la survie de leurs entreprises et l’emploi de plus de 30 000 personnes. Le JMM déclare que si ce lien est décidé, « il signifierait la disparition du port de Calais » et souligne « l’incohérence de la mise en relation de systèmes ferroviaires différents », les Chemins de fer britanniques redoutant que le TGV soit démodé d’ici la mise en place du tunnel sous la Manche. Fin avril, la Chambre de commerce et d’industrie de Calais (CCI) a lancé officiellement Flexilink, un groupe d’opposition au lien fixe Londres-Paris. Des études sont menées sur les implications socio-économiques qu’engendrerait un lien transmanche dans la région Nord-Pas-de-Calais. Le cabinet américain, Bechtel est notamment chargé de cette tâche. Néanmoins, la décision de la réalisation du projet ne dépendrait pas de ses analyses et le JMM souligne le constat du président du cabinet: « On essaie de lui faire dire que le lien fixe aura des aspects positifs pour sortir le Calaisis du marasme économique. » La Commission aménagement du CESR (Conseil économique, social et environnemental régional) a également créé un groupe pour l’étude des conséquences du lien transmanche, avec une représentation de la CCI qui s’attache à obtenir des mesures en faveur du Calaisis. Deux chargés de mission sur les retombées socio-économiques d’un lien fixe, le secrétaire d’État aux Transports, M. Elkouby, et le secrétaire d’État à la Mer, M. Léonard, soutiennent de leur côté que « 50 % du trafic de voyageurs pourraient être gardés compte tenu de la croissance attendue du trafic ». Le JMM rappelle les signes qui montrent déjà un désintérêt économique des pouvoirs publics pour la région: les autorisations pour le poste 6 au port de Calais n’ont pas été obtenues et le projet d’une Rocade Est, route qui relierait le port à l’A6, n’évolue pas. Or, pour la survie du port de Calais, « ces investissements devraient être immédiatement décidés ». Conscientes de l’impact de la création de ce lien fixe, les autorités britanniques ont déjà pris la décision de suspendre un projet de construction d’autoroute entre Folkestone et Douvres. En 2012, le tunnel sous la Manche a atteint un nouveau record en termes de trafic.
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Il y a 28 ans… – dans le Journal de la Marine Marchande
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