Jusque-là, le Ceppol utilisait une barge de dépollution non motorisée qui, nécessitant un remorqueur, était amarrée à couple d’un navire à alléger. Elle a par exemple servi lors des opérations sur le porte-conteneurs Rokia-Delmas, échoué en 2006 au sud de l’île de Ré. Mais cette barge a été déclassée car son système de réchauffage du fioul à transborder revenait trop cher à changer. « Et nous n’avons pas réussi à passer des contrats avec de nouvelles compagnies qui auraient pu rendre les mêmes services », commente Jean-Bernard Cerutti. Les hommes du Ceppol ont donc dû trouver une parade. Et ce qu’ils ont imaginé et testé mi-janvier en rade de Brest apporte un véritable plus face à un navire qui serait ramené en zone refuge avec de la gite ou carrément échoué.
La solution envisagée consiste donc à utiliser le BSAD (Bâtiment de soutien, d’assistance et de dépollution) Argonaute à distance raisonnable du navire à traiter. En clair, aux 80 mètres de l’ombilical du Transrec du BSAD sont rajoutés quelque 200 m de manches supplémentaires et des pompes. « Jusqu’à 150 m de manches supplémentaires, le débit n’a pas été affecté lors de l’essai, précise le patron du Ceppol qui a fait tester trois types de pompes. Au-delà, il diminue inévitablement. » Mais tout a pu être transféré dans les soutes de l’Argonaute.
Les résultats de ces essais en rade de Brest sont riches d’enseignements. Le Ceppol a ainsi les moyens d’alléger les soutes d’un navire échoué ou en état de gite sans avoir à s’en approcher de près. Ce qui lève la problématique de la profondeur d’eau et celle de la dangerosité d’un amarrage à un couple. Et comme le BSAD est doté d’un positionnement dynamique (DP2), les opérations d’allégement en sont facilitées. « Tester grandeur réelle ce type de manip’ nous apporte un moyen supplémentaire dans notre boîte à outils », résume Jean-Bernard Cerutti.