Les Moteurs Baudouin sont-ils en train de redémarrer en 4e vitesse? Le diéséliste marin fondé à Marseille en 1918 monte en puissance, après avoir frôlé le serrage en 2009. Au bord de la banqueroute, l’entreprise est reprise in extremis par le groupe Weichai Power. Un géant chinois du diesel (camion et BTP) dont les produits n’avaient pas alors franchi les frontières asiatiques.
Investissement, embauche et R&D
Air connu de la reprise, Weichai s’est engagé à conserver les emplois et à faire du site de Cassis, à quelques kilomètres de Marseille, un centre de R&D. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Quatre ans après le rachat, les Moteurs Baudouin sont toujours en déficit, mais la donne a changé du tout au tout. Le repreneur y a investi près de 50 M€, et avec le chiffre d’affaires, 30 M€ en 2012, l’effectif a grossi passant de 115 à 190 salariés. Mieux, son technocentre, où sont préparés les prochains moteurs, compte une quarantaine d’ingénieurs et de techniciens. Et plus, signé fin novembre, un ambitieux programme de formation d’un million d’euros (abondé par l’État, la région PACA et l’UIMM) et de 20 000 heures pour les salariés. Objectif, les former aux méthodes de production liées à la nouvelle organisation du travail, mais aussi à l’anglais pour pouvoir s’entendre avec leur nouvel actionnaire.
Dans les deux sens
Le repreneur ne s’en cache pas. Baudouin est destiné à être la plateforme d’expansion de Weichai en Europe et en Afrique. Si la conception de moteurs premium est dévolue à sa filiale française, les petits moteurs développés en Chine, et parfois transformés à Cassis, n’ont pas tardé à être proposés dans le réseau commercial. Existe-t-il un danger de délocalisation ou de transfert de savoir-faire? « Weichai fabrique 2 000 moteurs par jour en Chine, nous, 200 par an à Cassis, cela n’aurait pas de sens pour eux de délocaliser nos productions, au risque d’abîmer leur image en Europe, alors qu’ils cherchent justement à s’y développer », rassure Emmanuel Tellier, le DRH. Pour lui, les échanges tournent sur deux temps: « Ils nous ouvrent des marchés où nous n’étions pas et, de notre côté, on leur permet d’accéder aux nôtres. » Et cela compte pour la firme aux moteurs bleus, 90 % de sa production part à l’export.
Capacité de production quadruplée
Des Chinois qui croient en la qualité du « made in France », est-ce le début du conte de la mondialisation réussie? Quoi qu’il en soit, Weichai monte le régime de Baudouin. La capacité de production est passée de 250 à 1 000 moteurs par an grâce à l’arrivée, au printemps dernier, d’une machine d’usinage cinq axes (1,2 M€). Baudoin vient de lancer une gamme complète de moteurs diesel destinés à la propulsion et la génération d’énergie électrique pour le marché fluvial européen. Une nouvelle ligne de production a vu le jour, et une série de moteurs M 26.3 de 16 à 327 l dotée d’une injection électronique va être commercialisée à partir de 2014. Sans attendre, le groupe chinois table sur 2013 pour le retour de la rentabilité de Baudouin.