Venant de Zeebrugge et se dirigeant vers le port finlandais de Kotka, le transporteur de voiture Baltic-Ace a été abordé par le porte-conteneurs chypriote Corvus-J. Cela s’est passé vers 19 h 30, par mauvais temps le 5 décembre, à une quarantaine de nautiques de Rotterdam. Sans surprise, le car-carrier immatriculé aux Bahamas s’est rapidement couché, forçant son équipage à évacuer. Treize navigants ont été récupérés par les sauveteurs néerlandais et l’équipage du Corvus-J qui, venant d’Écosse, se rendait à Anvers. Cinq corps ont été retrouvés. Mais l’équipage du Baltic-Ace comptait 24 personnes: des Ukrainiens, des Bulgares, des Philippins et des Polonais.
Le roulier transportait 1 417 voitures neuves a précisé UECC, son affréteur à temps depuis le 26 novembre. Ce transporteur a immédiatement fait savoir qu’il n’assurait pas la gestion technique du navire. Le fréteur du roulier est Euro Marine Logistics NV et son gestionnaire technique, Stamco Ship Management Co. Il y a donc, à faible profondeur, un roulier de 148 m, ses soutes, 1 417 batteries au plomb, environ 4 l d’huile moteur par carter, etc. Le tout se trouve dans une zone de trafic particulièrement dense. Svitzer doit procéder dans les prochains jours au pompage des soutes. Les autorités des Bahamas et de Chypre ont commencé leur enquête au titre de l’État du pavillon. Le 6 décembre, selon Reuters, la police néerlandaise s’interrogeait sur la pertinence à ouvrir également une enquête, car la collision s’est produite en dehors des eaux territoriales. Elle demandait donc l’avis du procureur. Certes, les Bahamas occupent depuis des années la première place de la liste blanche des États d’immatriculation les plus rigoureux selon le classement du mémorandum de Paris, mais il n’aurait pas été inutile d’associer un État côtier, à l’enquête technique. Le 6 décembre, Jüngerhans Maritime Services GmbH a fait savoir que les 12 membres d’équipage du Corvus-J étaient sains et saufs. Ils ont été autorisés à quitter la zone de recherche, le lendemain matin. Le bulbe et l’avant du porte-conteneurs de 134 m et 8 370 tpl montrent clairement qui était le navire abordeur. L’organisation du travail à bord de ce feeder intereuropéen devra être étudiée avec soin.
Des garages flottants
Les États côtiers auraient tout intérêt à lire ou relire le rapport du BEAmer français sur l’abordage, le 14 février 2002, au croisement des dispositifs de séparation de trafic du Pas-de-Calais et du Westhinder, entre le roulier Tricolor et le porte-conteneurs Kariba, suivi des deux échouements sur l’épave du premier et de « nombreux » quasi-accidents consécutifs. Lors des 8es Assises de l’économie maritime, le secrétaire général de l’OMI a indiqué qu’il voulait réduire le nombre de navigants morts ou disparus en mer. Aussi serait-il constructif de s’intéresser à la survie après avarie de ces immenses garages flottants que sont les transporteurs de voitures et, dans une moindre mesure, les ferries.