La création du Cross Corsen avait un double objectif: remplacer le sous-Cross Iroise qui assurait les opérations de sauvetage entre Penmarc’h et Morlaix, et celui de Ouessant Trafic dont le but était de surveiller le dispositif de séparation de trafic (DST) d’Ouessant. « Ces deux activités font toujours partie de notre mission », précise Charles Massa, actuel directeur du “CrossCo” comme l’appellent familièrement les marins. Armé par 52 personnes issues des Affaires maritimes (pour la partie administrative et technique) et de la Marine (chefs de quart et opérateurs), le Cross Corsen est sous la responsabilité du préfet maritime de l’Atlantique.
Durant les trois décennies de son existence, le Cross Corsen a dirigé 21 000 opérations de sauvetage et d’assistance au profit de 42 000 usagers de la mer. « Au printemps 2013, le cap des 1 500 000 navires suivis aux abords du DST d’Ouessant sera franchi », indique Charles Massa en précisant que le taux d’identification des navires est passé de 25 % en 1982 à 99,99 % en 2012. Des résultats notamment dus à la modernisation des équipements de détection comme aux contraintes des réglementations. « Seuls deux à trois navires par an refusent de répondre », notent les chefs de quart.
Une modernisation des moyens en cours
Depuis 2010, le trafic accuse une baisse de 10 %. « De 50 400 navires dans le DST en 2010, il est tombé à 47 400 en 2011 et il baisse encore sur l’année en cours », précise le directeur de CrossCo. On serait facilement tenté d’imputer cette baisse du trafic maritime marchand aux effets cumulés de la crise économique mondiale et de l’augmentation de la taille des navires. Mais les chiffres révèlent qu’un creux encore plus prononcé (42 000 navires) avait été constaté de 1991 à 1994.
Marquant ce trentième anniversaire, un important chantier de modernisation des locaux opérationnels (la passerelle) a démarré début octobre pour une durée de 6 à 7 mois. Jusque-là, chaque Cross travaillait dans son coin avec ses propres outils. Aujourd’hui, l’uniformisation et l’interconnexion sont au programme. Le Cross Corsen attend la version 2 de Spationav, un système commun à la Marine et aux Affaires maritimes, qui mettra en réseau les radars et les AIS des Cross et des sémaphores. CrossCo attend également l’installation du système Marylin, conçu par DCNS. « Ce système intégré reprend tout ce dont un Cross a besoin: cartographie, logiciels de dérive et de recherche, mains courantes, central téléphonique, etc. », résume Charles Massa, avec l’avantage d’être interconnecté au serveur central des Affaires maritimes de Saint-Malo. Ainsi, si un Cross tombe en panne, un autre peut facilement reprendre les opérations en cours. « Nous attendons également le nouveau système LGVT de gestion de voies radio », conclut Charles Massa.