Le 12 novembre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a présenté le World Energy Outlook 2012. Ce document constitue pour l’AIE un rapport annuel sur la situation énergétique mondiale et présente ses prévisions sur les évolutions du secteur en fonction des derniers événements pour la période 2020-2035. Les auteurs du World Energy Outlook 2012 ont annoncé une quasi-révolution pour le secteur énergétique mondial. « La récente résurgence des productions pétrolières et gazières aux États-Unis, résultat des technologies permettant l’exploitation des ressources en huile et gaz de schiste, modifie en profondeur le rôle de l’Amérique du Nord en matière de commerce énergétique mondial. » L’AIE prévoit qu’à partir de l’année 2020, les États-Unis vont devenir le plus gros producteur de pétrole mondial, dépassant l’Arabie saoudite jusqu’en 2025. Dans le même temps, l’Amérique du Nord devrait ressentir l’impact des nouvelles mesures d’économie de carburant dans le secteur des transports. Il en résulte une chute régulière des importations pétrolières américaines, à tel point que les États-Unis pourraient devenir exportateurs nets autour de 2030. Autrement dit, les États-Unis, qui importent actuellement près de 20 % de leurs besoins énergétiques totaux, deviendraient presque autosuffisants nets. « Un renversement spectaculaire de la tendance observée dans la majorité des autres pays importateurs d’énergie », souligne l’AIE. Cette évolution sans précédent pourrait entraîner la mise en place d’une nouvelle carte énergétique mondiale et modifier les flux de transport maritime du brut et des produits raffinés.
La Chine et l’Inde tirent la consommation
À partir des années 2020, l’augmentation nette de la production mondiale d’or noir est entièrement attribuable aux ressources non conventionnelles, que ce soit l’huile de schiste aux États-Unis, les sables bitumineux au Canada ou les forages en mer profonde au large du Brésil. La poussée des approvisionnements non conventionnels issus de ces pays va entraîner une hausse de la production des ressources énergétiques hors Opep, estiment les experts de l’AIE. Les pays non membres de l’Opep devraient atteindre après 2015 un plateau de production supérieur à 53 millions de barils par jour (Mbpj) contre 49 Mbpj en 2011. Cette tendance devrait se poursuivre jusqu’au milieu des années 2020 avant de retomber à 50 Mbpj en 2035. Toutefois, sur la période de 2020 à 2035, les pays membres de l’Opep vont augmenter leur niveau de production, souligne le rapport de l’AIE. En conséquence, la part des pays de l’Opep dans la production mondiale de pétrole va passer de 42 % en 2011 à près de 50 % en 2035. L’approvisionnement de la planète en or noir devrait donc continuer à dépendre largement des pays producteurs situés au Moyen-Orient, assure l’AIE. Et ces derniers devraient exporter toujours plus vers les contrées asiatiques (Chine, Inde) qui vont continuer à tirer la croissance de la consommation énergétique de la planète. La demande énergétique mondiale devrait augmenter de plus d’un tiers sur la période s’étendant jusqu’à 2035, selon les calculs de l’AIE. La consommation énergétique mondiale devrait demeurer assurée à 75 % par les énergies fossiles en 2035 contre 81 % en 2011.
L’importance des combustibles fossiles
Le mix énergétique mondial va continuer à reposer sur les combustibles fossiles, aidés par des subventions s’élevant à 523 Md$ en 2011, un montant six fois supérieur à celui dont bénéficient les énergies renouvelables. Les politiques de diversification et d’efficacité énergétiques n’obtiennent donc pas de résultats significatifs entre 2020 et 2035. L’AIE relève toutefois que « la demande énergétique n’augmente que très peu dans les pays de l’OCDE, où l’on note un virage très net visant à se détourner du pétrole, du charbon, du nucléaire, au profit des énergies renouvelables et du gaz naturel ».