Selon les Dépêches de Tahiti du 2 novembre et Les Nouvelles calédoniennes du 6, Bill Ravel, 72 ans, homme d’affaires d’Océanie française a été mis en examen le 2 novembre, puis placé en détention provisoire dans le cadre d’une enquête sur de possibles faits de corruption qui ont conduit Gaston Tetuanui et le syndicaliste Cyril Le Gayic à la maison d’arrêt de Faa’a le 30 octobre. La justice soupçonne Bill Ravel d’avoir versé d’importantes sommes d’argent en espèces au leader de la CSIP afin d’éviter les conflits sociaux au sein de ses entreprises. Une pratique qui se serait étalée sur plusieurs années. Les deux hommes auraient en partie reconnu les faits lors de leur garde à vue.
Chasse aux fantômes
L’évocation du mythique Bill Ravel pourrait rappeler de grands souvenirs aux fantômes qui hantent encore le 3 place de Fontenoy, très anciennement ministère de la Mer: en 1968, Bill Ravel crée avec son cousin Jean-Pierre Varnier et le commandant Munch, la Sofrana, société française de navigation. Delmas en devient l’actionnaire de référence dans la deuxième moitié des années quatre-vingt, sans grand pouvoir de décision. L’heure de gloire sonne au début de 1989 lorsque Hyundai est condamnée par la Commission européenne pour dumping entre le Nord-Europe et l’Australie. Quelques jours plus tard, Sofrana-Euro-Australia Line, annonce l’ouverture d’une desserte Nord-Europe/Australie en affrétant des espaces sur les navires coréens. Sofrana est alors l’agent Hyundai en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. La Compagnie méridionale de navigation, agent Hyundai en France, annonce la fin du service de son armateur et l’ouverture de celui de SofEAL. La CGM cède sa part du capital de Pacific Australia Direct Line à Sofrana, co-actionnaire, après avoir récupéré à très bon prix les trois rouliers de PAD.
Mi-1992, Bill Ravel revient sur la scène maritime métropolitaine en affrétant dans d’excellentes conditions les rouliers porte-conteneurs de la Baltic Shipping Company qui proposent leur service entre l’Europe et le Pacifique français. Violent tir de barrage des compagnies métropolitaines.Même la Cour des Comptes pourrait s’en souvenir, elle qui avait fait part de son étonnement au sujet du mode de financement du ferry appelé Président-Yeiwene-Yeiwene qui devait relier les îles Loyauté à Nouméa, et de l’importance des transformations qu’il devait subir. Le dernier chapitre serait en train de se clore.