Avec humour, ce capitaine d’industrie explique aux jeunes chefs d’entreprises médusés comment, au gré des rencontres et des opportunités, il est parvenu à hisser sa société au rang de leader des services maritimes offshore auprès des groupes pétroliers.
« Nous n’étions pas bons pour créer des affaires, nous sommes entrés au capital de la compagnie Chambon. À l’époque, il a fallu se faire accepter des grandes familles Marseillaises et cerner les entreprises dotées d’un potentiel », se souvient Jacques de Chateauvieux. Puis il revient sur l’entrée en Bourse de son groupe en 1998. « L’indifférence du marché boursier nous a conduits à l’introspection. Nous étions présents à la fois dans le sucre, la distribution et le maritime. Nous nous sommes focalisés sur un seul métier. En 2000, nous avons mis un terme à 150 ans d’histoire familiale dans le sucre et, en 2005, nous nous sommes retirés de la distribution pour devenir un “pure player” du maritime », raconte-t-il.
Un recentrage ciblé
Le recentrage s’opère au sein même du maritime où il cède ensuite son activité de remorquage portuaire et de transport de vrac. Il se lance alors dans un programme de construction de navires ultramodernes à deux milliards d’euros. « Les groupes pétroliers nous ont aidé à progresser », souligne-t-il.
Père de six enfants, il vient de passer le flambeau à Christian Lefevre, nommé directeur général: « Je n’ai pas de prétention dynastique », se plaît-il à souligner tout en mettant au service du groupe ses talents de stratège.
« L’évolution de Bourbon est surprenante, audacieuse. Son business model pourrait bien évoluer de façon sensible », annonce-t-il un brin énigmatique. Sous forme de boutade, il avoue être administrativement à la retraite. S’il conserve la présidence du conseil d’administration du groupe, il dit ne plus percevoir de salaire depuis début octobre.
En parallèle, ce touche-à-tout fait prospérer Jaccar, sa société d’investissement, et s’implique dans la construction navale, le gaz et le transport de vrac. Son leitmotiv? La croissance encore et toujours. « L’inspiration est notre mode de management. Je ne suis pas intéressé que par la rentabilité mais plutôt par la création de valeur », conclut Jacques de Chateauvieux.