Le Napoléon Bonaparte a fait les frais d’un « genre de tempête qui se produit en moyenne trois fois tous les dix ans », avait indiqué la veille Météo France dans son bulletin d’alerte. Phénomène rare, le vent glacial a forci dans la nuit atteignant des pointes entre 70 et 80 nœuds (150 km/h). Les 18 amarres et la chaîne qui retenaient le car-ferry aux bollards du poste 116, ont lâché à 1 h 30 du matin.
Aussitôt, l’imposante masse flottante de 43 000 t s’est mise à dériver et a heurté le quai en face (poste 40) jouxtant le pont pinède et perforant la coque sur 16 m2. Deux compartiments étanches, dont la salle des machines, ont été inondés et le navire a pris 15o de gîte et de l’assiette. Aussitôt, trois remorqueurs de Boluda ont été dépêchés sur place et ont réussi à faire avancer le navire jusqu’au début du poste pour le dégager du chenal. Le navire s’est alors posé sur le fond, le quai faisant office de béquille. Le Chambon Alizé, également sur place, a servi de bâtiment de soutien technique aux marins-pompiers qui avaient installé sur le quai une cellule de commandement.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la poupe du navire s’est encore enfoncée avant de se stabiliser, laissant aux plongeurs d’ECTM la possibilité, dès le lundi matin, de réaliser les premières expertises et souder des tôles pour colmater la brèche. « Mardi matin, le pompage a débuté et devrait durer au moins 24 heures », a indiqué la SNCM.
Le navire devait ensuite être renfloué jeudi et remorqué jusqu’à la forme 9 des chantiers navals de Marseille. Pour y séjourner combien de temps? Nul ne sait à ce stade, et la compagnie qui avait prévu de le remettre en service sur la Corse pour les vacances de Noël, devra trouver une alternative pour assurer le service prévu par la délégation de service public à cette période. Ce car-ferry, fleuron de la SNCM à sa sortie des chantiers de Saint-Nazaire en 1996, n’est plus du tout adapté à la desserte de la Corse mais reste « engagé au moins jusqu’à fin 2013 », ajoute la compagnie. Une enquête a été ouverte et, dès dimanche matin, les assureurs corps se pressaient sur le quai pour les premières expertises. Pas de blessé, pas de pollution, mais des dégâts colossaux et une bataille juridique engagée avec le port.