« On attend les grandes décisions stratégiques »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE: Comment les dockers ont-ils vécu la mise en œuvre de la réforme portuaire?

FRANCK GONSSE: La réforme de 2008 est la finalisation de celle de 1992. Pour l’une comme pour l’autre, nous avions un tour d’avance. Dès 1999, à Dunkerque, un opérateur unique pour les grands vracs, Seabulk, a été opérationnel. 60 ouvriers grutiers et portiqueurs du port autonome avaient été transférés vers cet opérateur. En 2001, la même chose a été mise en œuvre pour le trafic de conteneurs, au terminal NFTI (Nord France Terminal). Là encore, 60 à 70 salariés du port autonome (portiqueurs, techniciens et agents de maintenance) ont été transférés. Cela fait que, au moment où la réforme de 2008 est arrivée, son application a été relativement facile.

JMM: Le personnel transféré s’est facilement adapté?

FRANCK GONSSE: Auparavant, le dialogue entre la manutention et les grutiers manquait de fluidité. Aujourd’hui, tout le monde se comprend. Il y a maintenant cinq entreprises de manutention qui proposent les mêmes conditions sociales, les mêmes conditions de travail, les mêmes niveaux de revenus, les mêmes avantages, les mêmes conditions de sécurité pour des gens qui sont devenus des dockers intégrés au sein de ces structures. La convention collective nationale unifiée (CCNU) « Ports et manutention » permet de finaliser les accords.

JMM: Quelques grutiers ont quand même demandé leur « droit au retour » dans le giron du GPMD.

FRANCK GONSSE: Trois pour vingt-trois qui avaient été détachés! N’en déplaise aux mauvaises langues, les effectifs de la CSOPMI ont dépassé le niveau des 550 dockers mensualisés de 1992. Nous sommes 580. La CSOPMI est un syndicat constructif très attaché au dialogue social. Depuis 20 ans, nous n’avons cessé d’évoluer, même en termes de salaires. Nous accompagnons les démarches commerciales du port. En revanche, nous ne sommes pas près de lâcher quoi que ce soit sur nos avantages acquis.

JMM: Justement, si le port de Dunkerque s’enorgueillit de sa fiabilité en répétant qu’il n’y a pas eu de grève depuis 1992, on a pu observer du flottement au moment de l’application de la réforme, début 2011.

FRANCK GONSSE: D’abord, le fait qu’il n’y ait pas de grève ne signifie pas que nous ne discutons pas. Je ne suis pas sûr que dans les autres ports français il y ait autant d’assemblées générales que chez nous. Concernant ce flottement autour de la réforme, c’est du passé. En fait, le gouvernement a télescopé la réforme des ports avec celle des retraites. Nous nous sommes donc battus sur la question de la pénibilité et sur le droit de pouvoir partir en retraite plus tôt. Cela a donné lieu à un mouvement social, avec un arrêt de travail. De la même façon, nous nous battrons contre la nouvelle organisation de travail que l’Europe souhaite mettre en place.

JMM: Qu’attendez-vous, maintenant, de la réforme?

FRANCK GONSSE: Je suis très impatient de voir ce que va faire notre ministre de tutelle, Frédéric Cuvillier. Le gouvernement doit nous accompagner dans notre stratégie et nos investissements. Mes attentes portent d’abord sur la décision concernant le projet Baltique-Pacifique. Les études pour le creusement de ces bassins doivent être achevées pour décembre. Ce projet est gigantesque. Mittal a découvert du minerai en Artique. Si nous ne ratons pas ce rendez-vous, Dunkerque pourrait, grâce au creusement du bassin de Baltique, devenir un hub pour les trafics de minerais qui alimenteraient les hauts-fourneaux de l’Europe de l’Est.

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