À la Chambre syndicale du personnel (CGT) du Grand Port Maritime de Dunkerque, la réforme laisse dubitatif. « La réforme, assène son secrétaire général Laurent Claeyssen, c’était pour casser le statut existant et vendre les outillages publics. »
La CGT estime que si la réforme portuaire a pour objectif de relancer les ports français, il faudrait alors aller plus loin dans la politique d’investissements. « Nous ne sommes pas à la hauteur de ce que font les ports concurrents, en Belgique », avance pour sa part Ludovic Dewynter, secrétaire du CHSCT.
Ainsi, pour les responsables syndicaux, le dossier du creusement de bassins Baltique et Pacifique, pour les pondéreux et les conteneurs, est une idée ancienne qui ne peut aboutir faute d’investissements suffisants. « Le seul gros investissement prévu porte en fait sur le terminal méthanier. »
Au moment de la mise en place de la réforme, en 2008, la CGT a choisi d’entrer dans la négociation dès le mois de juillet. Un accord-cadre a été négocié avec le ministère des Transports. « Il s’agissait de protéger les intérêts des salariés. C’est de cet accord, souligne Laurent Claeyssen, que découle la convention collective nationale unifiée. » « Au moins, convient-t-il, nous pouvons retenir un point positif: tout le monde est régi par la même convention collective. Cela évite des disparités entre le personnel du port qui a été détaché dans les entreprises de manutention et les ouvriers dockers. »
Un syndicat CGT des dockers
Mais pour le reste, l’organisation ouvrière porte un regard sévère. « Il n’y a pas de création d’emploi, ni dans les entreprises de manutention, ni sur le port. La faute à la crise? » Elle déplore aussi que, sur le terrain, les grutiers soit obligés de sortir de leur métier en fonction du marché du travail. « S’il n’y a pas de trafic à traiter par une entreprise de manutention, le grutier peut être dirigé vers une autre entreprise où il faudra faire un travail de docker. Or, en principe, il ne devrait que conduire du matériel roulant et non descendre en cale. »
La CGT a demandé une renégociation des accords afin de revoir les classifications. « Semble-t-il, nous allons vers un accord avec l’UPF », espère Laurent Claeyssen. Pour lui, si trois grutiers détachés vers les entreprises de manutention ont depuis, fait valoir leur droit au retour, c’est parce que les métiers ne sont pas respectés.
C’est une manière aussi de jeter une pierre dans le jardin du syndicat concurrent, la CSOPMI. « La CGT reprend d’ailleurs du poil de la bête chez les dockers », affirme-t-il. Ainsi, le 21 novembre, la Chambre syndicale des ouvriers du port – CGT Dockers – de Dunkerque va-t-elle inaugurer son local, sur le port est de Dunkerque. Cette inauguration marquera le lancement officiel de ce syndicat. C’est comme une résurgence de la CSOP CGT qui, en 1992, avait dû laisser la main à la CSOPMI. Elle est affiliée à la Fédération nationale des ports et docks.