Dans un rapport remis en mars 2010 au premier ministre d’alors, le député Roland Blum constatait que « 61 % du trafic susceptible de pré ou post-acheminement du port de Dunkerque est massifié ». En fait, précise Guy Bourbonnaud, responsable des études marketing et transports intérieurs du GPMD, la part du transport alternatif à la route est de 50 %. Ainsi, 36 % des pré et post-acheminements reviennent au fer, 14 % au fluvial et 50 % à la route.
Les pondéreux (minerais et charbons) sont réacheminés par le rail tandis que les céréales adoptent plutôt la voie d’eau et pour des distances plutôt courtes. Jusqu’à présent, la volonté d’élargir l’hinterland, en utilisant le rail jusqu’à la région parisienne, du silo céréalier de Dunkerque ne s’est pas concrétisée.
Enjeu stratégique
Les trafics conteneurisés utilisent quant à eux la navette ferroviaire Dunkerque-Bonneuil, dans le sud-est de la région parisienne. En général, les transports d’approche par la voie ferrée représentent ainsi 12 Mt. « L’élargissement de l’hinterland est un enjeu stratégique. Cela passe par la mise en place de transports massifiés et compétitifs », insiste Guy Bourbonnaud.
Cela passe aussi par la modernisation et l’électrification des faisceaux de proximité. Il s’agit d’éviter que la traction du dernier kilomètre soit limitée. « Entre 2009 et 2013, de nombreux investissements auront été consentis pour la modernisation du réseau ferroviaire. » Ainsi, complète Xavier Dairaine, « les travaux d’allongement et d’électrification du faisceau de Loon-Plage se sont achevés en 2011. Également achevés fin 2011, la modernisation de la voie des Huttes pour 3,1 M€ ».
Travail de prospection
« Le port, ajoute-t-il, consacre 5 M€ à l’électrification du faisceau de Loon-Plage, sur le terminal à conteneurs. Ce dernier trimestre 2012, démarrent les travaux d’électrification du barreau de Saint-George, pour un coût de 4 M€. »
Et l’adjoint au directeur de l’Aménagement et de l’Environnement du GPMD souligne encore que le port « participe à hauteur de 4 M€ à l’électrification de la voie Calais-Dunkerque sur le réseau ferré national ». Il s’agit de l’électrification entre le faisceau de Grande Synthe et l’embranchement du barreau de Saint-Georges.
Le raccordement ferroviaire au sud du terminal à conteneur doit démarrer en 2014 pour un montant de 11 M€ et on parle de rétablir la liaison ferroviaire entre le port central et le port est. L’opération n’est pas encore programmée, mais on connaît le coût: 2,4 M€.
Figurer sur les cartes
En même temps, un travail de prospection commercial, mené par le GPMD, essaie d’identifier le potentiel de report modal. « Aujourd’hui, explique Guy Bourbonnaud, nous travaillons sur le positionnement concurrentiel de Dunkerque vis-à-vis du sud de l’Allemagne. » En ligne de mire: les trafics de pondéreux et les conteneurs. Le gouvernement allemand ayant décidé de sortir du nucléaire, pourquoi ne pas se positionner? Une étude vient précisément d’être lancée pour mesurer les conditions d’un plan de transport compétitif.
Un autre axe porte sur l’« européanisation ». En d’autres termes, il s’agit d’inscrire Dunkerque dans le schéma de transport européen et d’apparaître sur le corridor de fret européen. « Cela permet à l’opérateur, en jouant sur l’inter-opérabilité, d’obtenir de bons sillons. Il est, conclut le spécialiste portuaire, important de figurer sur les cartes. »
Une liaison ferroviaire Dunkerque-Grande Bretagne?
Depuis 2010, Eurotunnel gère l’exploitation et la maintenance du réseau ferré du port de Dunkerque. Le directeur de l’infrastructure d’Europorte Services (filiale d’Eurotunnel), Christian Huchon avait évoqué une possible liaison ferroviaire entre Dunkerque et la Grande Bretagne. Elle emprunterait le tunnel sous la Manche et donnerait accès à la grande distribution des Midlands.
Selon lui, les flux d’import-export avec le Royaume-Uni seraient boostés. Cela augmenterait par ailleurs la capacité de transport du port et générerait des flux additionnels. Cela permettrait aussi de moderniser le réseau