« Il existe un patriotisme des entreprises régionales »

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JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE: Quel bilan tirez-vous de l’année 2012?

HERVÉ ROUCHON: L’année n’avait pas trop mal démarré. Puis les entreprises de manutention ont souffert de la crise sur plusieurs aspects: la crise industrielle a affecté les trafics de vracs essentiellement. La baisse de la consommation a touché les autres trafics, dont les conteneurs.

JMM: La crise se faisait déjà sentir l’année précédente…

H. R.: Effectivement, c’était déjà le cas pour les conteneurs. Nous avons observé une nouvelle étape avec l’accord entre armateurs induisant un changement du transit time, ce qui représente des volumes non négligeables. Mais nous avons surtout ressenti au deuxième semestre la baisse de la consommation.

JMM: Depuis plusieurs années, Dunkerque tente de convaincre les entreprises du Nord-Pas de Calais, notamment les chargeurs liés à la distribution, de préférer le Grand port maritime de Dunkerque aux ports du Benelux. Le constatez-vous dans les faits?

H. R.: Oui, avec un bémol. C’est vrai, il y a un patriotisme des entreprises régionales. Néanmoins, elles regardent aussi leur facture. Elles choisissent Dunkerque si cela leur offre des conditions de transit time et de coût équivalentes aux ports belges. Castorama a choisi Dunkerque depuis longtemps. […] Des enseignes sont parties avec les derniers changements de transit time. Si elles sont capables de s’adapter rapidement à ces changements, un circuit logistique ne se modifie pas d’un claquement de doigts pour revenir.

JMM: Bien que Dunkerque représente un cas particulier parmi les grands ports français, quel a été l’impact de la réforme portuaire?

H. R.: Les deux plus grands manutentionnaires l’avaient déjà intégré. La réforme, qui n’a pas impacté l’activité elle-même, a permis une unité de commandement et de moyens de manutention.

JMM: Quelles sont vos perspectives pour 2013?

H. R.: Si vous avez une boule de cristal, dites-le moi… On suit ce que disent les armateurs, l’évolution des lignes… Pour le conteneur, sévèrement touché, on s’attend à un début d’année aussi mauvais que le deuxième semestre 2012 (9 % de baisse cumulée grosso modo). Quant au deuxième semestre 2013, c’est trop loin. On pense que ce ne sera pas brillant. Pour les autres trafics, tout ce qui touche à la consommation, sucre, céréales, on prévoit des campagnes qui, sans être excellentes, ne seront pas mauvaises. S’agissant des grands vracs, nous sommes impactés par les fermetures (des hauts-fourneaux) de Florange (ArcelorMittal) et des centrales E. On en Grande-Bretagne fin 2012-début 2013.

JMM: Le projet de développement du port et son phasage par étapes vous semble-t-il pertinent?

H. R.: Oui, c’est un projet de bonne prudence et de bon sens. Le port fait face aux volumes qu’il traite. Mais il faut garder un œil sur l’avenir. L’étude Baltique-Pacifique doit être menée. Elle permettra de mesurer l’impact des nouveaux bassins sur les vracs et conteneurs. Elle permettra d’en mesurer la rentabilité économique. Ce projet est à horizon cinq ou dix ans. La situation économique, on l’espère, aura évolué positivement. La plupart des autres sites ont développé de nouveaux ports et de nouvelles darses.

JMM: Que représentent pour vous les incertitudes sur la réalisation du canal Seine Nord?

H. R.: Nous sommes comme tout le monde: dans le flou! Le gouvernement donne l’impression de freiner sur ce projet. […]

JMM: Craignez-vous que le nouveau lien entre le bassin parisien et le Nord se fasse au profit du Benelux et au détriment de Dunkerque?

H. R.: Le canal, au niveau de Lille et la Belgique, ouvre un nouveau potentiel pour les relations entre le Benelux et Paris. Il faut que, dans ce projet, Dunkerque tire le profit maximum.

JMM: Le conseil régional Nord-Pas-de-Calais, désormais propriétaire des ports de Calais et Boulogne-sur-Mer, confirme la vocation industrielle et logistique du port de Dunkerque. Cette prise de position est-elle de nature à pousser les armateurs à développer de nouvelles rotations à Dunkerque?

H. R.: Sans vouloir entrer dans des querelles locales, je ne pense pas qu’un armateur pense escaler à Calais plutôt qu’à Dunkerque. Entre Le Havre et la Belgique, il y a un grand port, c’est Dunkerque. Ses infrastructures ne sont pas comparables.

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