Après la consultation de 1 300 personnels, le 30 septembre, 59 % des votants ont voté la reprise et les rotations ont redémarré le 2 octobre. Une sortie de crise dans la douleur qui laisse énormément d’amertume face à la pression exercée. « Beaucoup ont voté avec le sentiment d’avoir le couteau sous la gorge », commente un syndicaliste. Un vote qui intervient après une table ronde proposée le 28 septembre par le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier. Elle s’est bien tenue à Paris… mais en l’absence très remarquée de la direction de Brittany Ferries qui en a pourtant salué l’initiative par un très laconique communiqué! En effet, alertés par le côté explosif de la situation, les politiques bretons et normands sont intervenus. La Région Bretagne a ainsi envisagé d’anticiper des investissements prochainement imposés au plan européen.
Une grève de 24 heures
En désaccord avec la direction de l’armement sur certains points du volet social du plan d’austérité, les équipages ont unanimement voté une grève de 24 heures qui a bloqué les navires à quai fin septembre. Alors que les discussions se sont poursuivies entre syndicats et direction, les équipages ont voté, devant huissiers, la reprise des rotations. C’est là que, craignant le déclenchement désordonné de grèves à bord des navires, la direction de l’armement a pris, le 21 septembre, la lourde décision d’un lock-out. Une mesure que l’on n’a pas connue depuis janvier 1987. Le conflit est alors rentré dans une autre dimension. Les négociations visant à trouver un accord se sont éternisées avec, le 27 septembre, le rejet par plus de 75 % des personnels d’exécution. Alors qu’un terrain d’entente a semblé en passe d’être trouvé, la formalisation de l’accord-cadre n’a pas suivi. Considérés comme grévistes, les personnels d’exécution ont vu leurs bulletins de salaire largement amputés. Et la position de la direction et de l’actionnaire majoritaire (la Sica de Saint-Pol de Léon) s’est considérablement durcie. La Sica a en effet lancé un ultimatum et brandi la menace de sévères restrictions, voire celle d’un désengagement. « Les actionnaires ne lâcheront pas la compagnie, mais ils n’engageront pas l’avenir des coopératives agricoles pour une filiale – Brittany Ferries – qui ne leur a rien rapporté depuis 40 ans, a résumé Jean-Marc Roué. Ma porte est ouverte aux syndicats, mais s’il n’y a pas d’accord, il faudra prendre des décisions douloureuses. » De leur côté, les syndicats ont rétorqué: « Tout ce que nous voulons, c’est que les navires repartent. Nous ne voulons pas que la compagnie continue à perdre des sommes importantes parce qu’ils sont à quai. »