Ce plan d’économie a été organisé autour de deux types: un volet social et un volet commercial. Visant à réaliser 6 M€ d’économie de fonctionnement, le volet social a eu pour objectif de réduire les coûts salariaux par des mesures telles que l’annualisation et l’aménagement du temps de travail et la suppression de certains avantages. Le second volet concerne la rationalisation de l’exploitation des navires, avec notamment la suppression d’un certain nombre de traversées en pré et post-saison sur les lignes transmanche. Seules les lignes longues sur l’Irlande et l’Espagne sont épargnées. Bien que rencontrant un beau succès, elles ne représentent cependant que 250 000 passagers par an. Dès le départ, les syndicats se sont dits prêts à accepter des efforts… mais pas n’importe quoi. Depuis lors, leur opposition n’a cessé de monter en puissance et le malaise est de plus en plus grandissant.
Tout au long de l’été, les équipages ont marqué le coup en réalisant de réguliers retards à l’appareillage. Puis ils sont allés manifester leur mécontentement à Quimper, au siège du Crédit agricole, principal financier de la compagnie. Avec pour message principal le refus d’imputer l’effort de renflouement des déficits accumulés depuis 4 ans (70 M€) aux seuls navigants.
Les syndicats jouent les pompiers
Le 13 septembre, suite à un comité d’entreprise « très dur et très fermé » selon les syndicats, le conflit larvé a pris une autre tournure. En bloquant pendant 24 heures le ferry Armorique à quai à Roscoff, les navigants ont empêché le ferry Oscar-Wilde d’Irish Ferry d’accoster et contraint le ferry Pont-Aven, en provenance d’Irlande, de se dérouter sur Brest. Plus de 1 500 passagers ont ainsi été bloqués à Roscoff. Tout ça parce que la direction a refusé la clause de retour à meilleure fortune revendiquée par les syndicats CGT et CFDT des navigants équipages. Tenue le 14 septembre, et alors que les syndicats reconnaissent « avoir dû jouer les pompiers », une réunion a provisoirement débloqué la situation. Mais d’autres préavis de grève de 24 heures ont déjà été votés par les bords. Ils concernent le Pont-Aven au départ de Roscoff vers l’Irlande, le Cap-Finistère à Santander et le Bretagne à Saint-Malo.
« Nous ne sommes pas fermés à des propositions, résument les délégués syndicaux. Mais les équipages restent sceptiques et il faut que les efforts demandés soient répartis bien plus équitablement. » Selon les délégués, les officiers seraient prêts à faire des efforts supplémentaires. Mais au-delà de ces efforts en termes de temps de travail, salaires, congés et primes, les responsables syndicaux attendent une vision bien plus claire de la politique stratégique menée par la compagnie. « Le virage sur l’Espagne n’a jamais été terminé alors qu’il était vital pour l’avenir de l’armement, illustrent-ils. Y a-t-il toujours un commandant à la passerelle de l’armement? »