Pascal Vialard touche du bois. Il dirige le terminal multivrac de Montoir et, depuis juin, le Groupement de main-d’œuvre portuaire (GMOP) réunissant les quelque 135 ex-agents du port transféré à l’occasion de la réforme. « Globalement, le climat social est bon, moins tendu que l’an dernier où nous avons subi les effets de la négociation nationale sur les questions de pénibilité. Un an après la signature des accords locaux, force est de constater que la réforme fonctionne. La transition s’est faite sans altération des performances techniques et de la fiabilité. »
À Nantes-Saint-Nazaire, la cession de l’outillage a pris plusieurs formes: transfert pur et simple au secteur privé sur les terminaux céréalier, charbonnier, TMDC et multivrac de Montoir, régie portuaire à Saint-Nazaire, filiale portuaire sur les terminaux multivrac de Nantes hors céréales. Tous les manutentionnaires font obligatoirement appel aux grutiers et agents de maintenance du GMOP. « Nous, opérateurs, ne sommes pas allés aussi loin que nous le voulions dans la réforme. Mais c’est une première étape. Il aurait été prématuré de fusionner dès à présent tous les personnels de manutention. Même si l’objectif du commandement unique se trouvait clairement dans la réforme et s’il s’esquisse aujourd’hui. Nous vivons une révolution, l’abandon d’un fonctionnement très typé qui est le même depuis des lustres. »
Huit transferts de plus
Pascal Vialard profite directement d’un des grands progrès, selon lui, de la réforme. Gros « utilisateur » de grutiers à la tête du terminal multivrac, il est aussi leur « patron » dans le GMOP. « La chaîne de décision est raccourcie. Nous affectons tout de suite le personnel dont nous avons besoins pour nos clients. Il devient plus simple pour eux de travailler avec le port. » Autre avantage, il n’est plus soumis aux procédures d’achat public pour acheter un nouvel outillage. Une grue d’une puissance de 125 t, arrivée à la mi-juillet, est entrée en service début septembre à Montoir sur le terminal multivrac. Un investissement de 5 M€ remplace une autre grue et un engin de déchargement continu (EDC). Elle donne, selon Pascal Vialard, une nouvelle crédibilité au port.
Même son de cloche optimiste du côté d’Ilyasse Aksil, directeur général de TGO, l’opérateur du terminal de marchandises diverses et conteneurs (TMDC): « Les accords collectifs ayant été respectés, après une reconnaissance unique de la pénibilité, payée par les entreprises de manutention, tous les ingrédients sont réunis pour une rentrée véritable à l’automne et une année de reconquête en 2013. » Pour Antoine Ponsar, qui a mis en place le GMOP, le progrès réalisé par le transfert de personnel n’est pas tant dans la fiabilité du port, déjà bonne, que dans l’« employabilité » du personnel. De 800 heures de travail effectif par an, chaque grutier est passé de 1 200 heures à 1 300 heures. Autre différence, le préavis de grève – il y en a eu peu et n’ont pas dégénéré en arrêt de travail – n’est plus automatiquement mentionné aux clients. Il est voué à être surmonté. Cela fait une grande différence commercialement. Le défi global reste néanmoins la croissance. « Il nous faut prouver aux salariés aussi que la réforme, ça marche. Et la preuve n’en sera apportée qu’avec de nouveaux trafics », reconnaît Pascal Vialard. Sans quoi, il « ne sait pas du tout » comment les relations sociales pourront évoluer dans le port. Pour le moment, il a espoir. Aux 127 personnes du port transférées initialement au GMOP s’en sont ajoutées huit dernièrement. Des volontaires de plus, finalement attirés par le « grand saut » dans le secteur privé.