JOURNAL DE LA MARINE MARCHANDE (JMM): YVES TUAL DIT DE VOUS: « C’EST UN SOLIDE ». D’AUTRES CRAIGNENT QUE VOUS N’AYEZ PAS LE MÊME SENS DU COMPROMIS. ABORDEZ-VOUS VOS NOUVELLES RESPONSABILITÉS DIFFÉREMMENT DE VOTRE PRÉDÉCESSEUR?
PASCAL PONTAC (P.P.): Non. D’une part, j’ai appris la fonction de responsable syndical à ses côtés pendant huit ans. Ensuite parce qu’il laisse un héritage imposant. Bien sûr, chacun agit avec ses propres armes, et avec les miennes, j’espère faire au moins aussi bien que lui. Mais il n’y a pas de changement de cap. D’abord parce que nous sommes relativement centralisés à la fédération des ports et docks CGT. Il existe une grande disparité, selon les ports, dans les applications de la politique fédérale définie nationalement. Y compris sur le plan des salaires. Mais c’est elle que nous déclinons sur le terrain. Après, dans l’action, je peux seulement dire que je suis contre l’idéologie, qu’elle vienne d’un côté ou d’un autre. Mais quand je suis convaincu d’une direction, que je pense qu’elle est bonne pour les salariés et pour le port, s’il faut passer à l’action, on passe à l’action.
JMM: VOUS OCCUPEZ AUSSI DES FONCTIONS FÉDÉRALES?
P.P.: Oui, je suis secrétaire fédéral.
JMM: QUEL BILAN FAITES-VOUS DE LA RÉFORME PORTUAIRE À NANTES SAINT-NAZAIRE?
P.P.: Il est sensiblement le même que dans tous les ports. Nous avions dit que nous n’en voulions pas. Qu’est-ce qu’elle a produit? Pour les emplois, les trafics, le résultat est dramatique. Les opérateurs, nos employeurs, sont désormais pris à la gorge par des charges importantes. Leurs frais fixes ont explosé et ils ont des problèmes à investir alors que tous les trafics sont en grosse difficulté. Je fais une légère différence pour Nantes Saint-Nazaire. L’éolien offshore ouvre des perspectives. C’est un projet structurel important. Mais sur le plan des trafics, le constat est le même.
JMM: LE GROUPEMENT DE MAIN D’œUVRE CONSTITUÉ À NANTES VOUS SEMBLE-T-IL UNE RÉUSSITE?
P.P.: Oui. Nous avons trouvé un consensus avec les opérateurs. 35 emplois ont été perdus sur l’outillage. Un vrai dialogue social a abouti à un compromis de haut niveau social qui permet aux salariés de se sentir bien dans le GMOP et d’adhérer aux méthodes de travail du secteur privé. C’est une autre culture. Les salariés se sont persuadés que c’était la bonne direction. Nous y avons contribué, sinon, nous serions toujours en guerre.
JMM: LA CGT À CONSERVÉ SON POIDS GLOBAL DANS LE PORT MAIS SUR DES ENTITÉS SÉPARÉES ENTRE GRAND PORT MARITIME ET GMOP. EST-CE UNE FAIBLESSE?
P.P.: Je ne crois pas. Sur un grand nombre de sujets, l’éolien offshore, le terminal sablier, les PPRT, nous travaillons très bien ensemble. Et si j’ai une ambition, c’est l’unité et le regroupement de tous les syndicats, les dockers et tous les autres sur le port.