À partir de 2015, une centaine de générateurs et de nacelles d’éoliennes sortiront chaque année des nouvelles usines Alstom du port de Saint-Nazaire. Des « cœurs » d’éoliennes trouveront domicile dans les parcs marins qu’Alstom a décroché dans le cadre du premier appel d’offres français du genre: à Fécamp, Courseulles-sur-Mer et Saint-Nazaire (à Saint-Brieuc, ce sera Areva). Et dans ceux qu’elle espère remporter l’an prochain dans le second volet. Sans compter les champs marins britanniques, l’Angleterre prévoyant de produire 32 gigawatts d’origine éolienne marine à l’horizon 2020 quand la France n’en programme pour le moment que six. Mais les deux premiers gigawatts du premier nécessitent 500 à 600 éoliennes. Une occasion de diversification à ne pas rater pour l’estuaire de la Loire spécialisé dans l’aéronautique grâce à deux usines Airbus et la construction navale avec les Chantiers de l’Atlantique Saint-Nazaire. Ce virage industriel a demandé une mobilisation du port. « Le port a joué un rôle stratégique en annonçant libérer les espaces demandés par Alstom pour installer ses usines sur le bord de l’eau », estime, parmi d’autres, Simon Fradet, en charge de Néopolia énergies marines renouvelables, le cluster de 80 PME régionales mobilisées autour de cette nouvelle filière.
La première usine Alstom (générateurs) sera opérationnelle en 2015, la seconde (nacelles) en 2016. À elles deux, elles représentent 300 nouveaux emplois. La production nécessitera la création d’un hub logistique. Il s’agira ensuite d’acheminer les ensembles générateurs-nacelles vers les usines d’assemblage aux mâts et aux pales à Cherbourg. « Nous ne connaissons pas encore les incidences sur l’activité du port, Alstom n’ayant pas encore arrêté ses choix logistiques. Choisira-t-il la mer? Ce n’est pas sûr », indique le port de Nantes Saint-Nazaire.
La plus grande éolienne offshore du monde
D’autres fabrications pourraient s’ajouter comme celle de fondations des éoliennes. Alstom prévoit de créer huit usines sur les côtes françaises. Trois systèmes existent: le pieu, simple prolongement du mât; la « jacket », fondation métallique sur quatre pieds; une fondation de béton armé, dite gravitaire. Alstom a annoncé sa préférence pour le pieu, au moins pour la ferme éolienne positionnée en face de Saint-Nazaire. Les industriels de l’estuaire se mobilisent pour faire prévaloir la « jacket », solution créée par les Chantiers de l’Atlantique (STX). Elle équipe l’éolienne marine expérimentale d’Alstom, installée en mars au Carnet, sur des espaces portuaires, au sous-sol proche des plateaux marins du sud de la Bretagne. D’une envergure de 150 m, elle est présentée comme « la plus grande éolienne offshore du monde ». Elle produira 6 mégawatts quand celle d’Areva en produit 5, mais fonctionne déjà largement dans le monde.
Les industriels travaillent aussi sur la sous-station électrique, la plate-forme capable de capter l’énergie éolienne, de la transformer en électricité et de la transporter vers le réseau électrique national, à terre. Ainsi que sur une filière de services accompagnant la construction et l’entretien des parcs éoliens. Le cluster Neopolia Énergies marines renouvelables a proposé à Alstom une formule intégrée allant de la conception des navires à l’entraînement des techniciens de maintenance.
La dynamique industrielle autour des énergies renouvelables inclue n’est pas seule à pouvoir déboucher sur la construction de nouvelles usines. La recherche aussi. Alstom va installer son centre d’ingénierie offshore (200 à 300 personnes) dans l’estuaire de la Loire. Un centre de recherche qui s’ajoutera à celui qu’il possède à Nantes dans les hydroliennes (turbines déposées au fond des mers et utilisant les courants marins). Ce genre d’équipements figurera dans les appels d’offres lancés pour les prochains parcs éoliens lancés par la France. Si ces productions nouvelles se réalisent dans l’estuaire de la Loire, les besoins en logistique, notamment liés au port, s’en ressentiront forcément.