Aux élections professionnelles de février, la Coordination nationale des travailleurs portuaires et assimilés (CNTPA) a conservé son enracinement historique chez les dockers du terminal à conteneurs. Elle y a fait 70 %. Elle n’a été contestée que sur le terminal roulier, autre place forte, où la CGT a fait jeu égal avec elle. Depuis le transfert des grutiers dans un groupement d’employeurs privé, elle constate avec satisfaction leur évolution.
« Nous avons moins de problèmes avec eux. Au début, ils ont chipoté sur les horaires. Ils ont accepté des horaires variables. Comme nous, une fois le travail terminé, ils rentrent chez eux et ne restent pas forcément pour faire leurs heures », raconte Nicolas Jégo, secrétaire général CNPTA du terminal à conteneurs. Le groupement d’employeurs confirme cette plus grande disponibilité des grutiers. « Nous travaillons maintenant tous dans l’objectif d’être compétitifs, de faire venir de nouvelles lignes, de développer le trafic pour créer des emplois », explique Nicolas Jégo.
Pour Patrick Bazin, son prédécesseur chez les dockers de Saint-Nazaire, aujourd’hui secrétaire national de la CNTPA, les grutiers se rapprochent surtout des valeurs que son syndicat a toujours défendues. « Nous créons du dialogue social. Cette méthode nous a réussi puisque nous sommes encore debouts. C’est par le dialogue social que l’on crée fiabilité, disponibilité et productivité, sources de développement des ports. Avec une cadence de déchargement de 25 mouvements par heure sur son terminal à conteneurs, Nantes Saint-Nazaire n’est d’ailleurs pas mauvais. Le but de la réforme a été de ramener les marchandises dans les ports français, et il y a du potentiel. Nous espérons que le mouvement va s’accélérer ». Un vocabulaire que la CGT locale ne démentirait pas.
Ce rapprochement des grutiers et des dockers aboutira-t-il à leur fusion dans une seule profession de manutentionnaire, de la cabine de grue jusqu’au fond de la cale? Sur les quais, l’hypothèse n’est plus tabou. Plus personne n’imagine farfelu que le groupement d’employeurs de grutiers puisse être une forme d’organisation transitoire.