« Les collectivités locales devaient être mieux entendues après la réforme portuaire. C’est raté! Tout reste décidé par l’État. » Gilles Bontemps, vice-président aux transports de la Région Pays de la Loire, n’est pas content de l’évolution de la gouvernance dans le port ni de son évolution depuis la réforme portuaire. Le budget en particulier, reste, selon lui, décidé par l’État. Qui a non seulement perdu, avec le transfert des terminaux au secteur privé, ses pouvoirs de régulation mais qui ne prépare pas sa reconversion alors qu’il est principalement tourné vers les énergies fossiles. « Un cap a été pris, depuis 2009, vers le conteneur et la logistique mais cela ne suffit pas. Une vraie réflexion est nécessaire sur le modèle économique du port à vingt ans, en relation avec la stratégie énergétique de la France. Bien sûr, la création de la filière des énergies marines renouvelables est indispensable. Mais elle ne suffira pas pour sauver le port. » L’élu régional prône la vigilance vis-à-vis du secteur énergétique: « Total a promis des investissements à la raffinerie. Ils n’ont pas été faits. Quand au terminal méthanier, il est réglementé pour garantir à Elengy, la filiale de GDF-Suez, son équilibre économique, au détriment des finances du port. La liberté tarifaire ne devrait-elle pas devenir la règle? »
Gilles Bontemps dénonce ensuite le manque de transparence dans le suivi de la réforme portuaire. « Le conseil de surveillance n’a pas eu connaissance des conventions signées entre l’État et les nouveaux opérateurs des terminaux. En particulier de leurs engagements d’investissement. »
La Région réclame que l’État ne décide d’aucun grand projet sans l’accord des collectivités locales. Gilles Bontemps plaide pour qu’il respecte ses partenaires. Les collectivités locales ont apporté 10 des 20 M€ pour les énergies renouvelables. Elles ont investi 7 M€ dans le plan stratégique de 2009, 29 M€ sur 58 M€ dans une convention partenariale précédente. « Nous sommes très engagés. Et après la réforme portuaire, nous attendons maintenant de la croissance. Il y a des trafics à développer. À Nantes, par exemple, dans le recyclage et dans la logistique urbaine, pas seulement à Montoir. Pour le moment, la réforme a plutôt fait baisser les trafics. 6 % de croissance l’an dernier sur les conteneurs, ce n’est pas extraordinaire! Pour l’avenir, nous lançons un avertissement, nous ne laisserons pas torpiller le développement du port par des intérêts par trop privés et pour des raisons d’insuffisantes capacités financières. Nous voulons obtenir une visibilité sur les moyens économiques dont dispose le port. La réforme portuaire a coûté cher à l’État. Le port s’est même fait banquier des nouveaux opérateurs en leur accordant des crédits pour acquérir les outillages. Le conseil de surveillance doit pouvoir contrôler l’exécution des promesses d’investissement des nouveaux propriétaires des terminaux. Quitte, pour y parvenir, à suggérer de modifier la loi pour entrer dans le capital des opérateurs choisis. La question d’un système de régulation des ports n’est pas posée. Elle doit l’être. »