Le 19 juin 1947, le Journal de la Marine Marchande publiait un dossier sur le port de Nantes. À l’époque, Nantes sort à peine de la fin de l’Occupation. Les troupes allemandes ont quitté la ville le 11 août 1944. Trois ans plus tard, le port retrouve sa fonction première de place de transit du commerce international, tout en conservant les cicatrices de plusieurs années de guerre. Ce dossier réalisé en 1947 permet de dresser un premier bilan d’après-guerre. En 1946, le port de Nantes a réalisé un trafic de 901 620 t. La moitié du trafic expédié se compose de céréales (27 %), de superphosphates ou engrais (13 %) et de minerais (10,6 %). Quant aux réceptions, elles sont majoritairement composées d’hydrocarbures (33,7%) et de houille (23,1 %). En outre, le port ligérien reçoit des phosphates, de la pyrite, des céréales, du sucre, du vin et du bois du nord. Ainsi, accueillir un trafic de 901 620 t représente un exploit dans un port qui a été ravagé par les Allemands juste avant la fin de l’Occupation. Ils ont non seulement coulé de nombreux navires dans la Loire, mais aussi dégradé des outillages, les quais et les ponts. Selon le bilan dressé à l’époque par le directeur du port, M. Gibert, ces dégâts sont estimés entre 2 MdF et 3 MdF. Le temps n’est pas au décompte larmoyant et le port de Nantes s’engage dans une entreprise lourde de rénovation afin « de faire face, dans les meilleures conditions, à un trafic plus important encore que celui d’avant-guerre », note le Journal de la Marine Marchande. En 1937, Nantes a réalisé un trafic de 3,2 Mt.
Cet avenir, le dossier le détaille par trafic. Ainsi, le pétrole est en partie réceptionné sur le site de Roche Maurice. Déjà, l’auteur de ce dossier note les perspectives encourageantes du port de Donges. Le dragage réalisé avant-guerre entre Saint-Nazaire et Donges permet de recevoir des navires de 14 000 t. Et la Direction générale des carburants, organe gouvernemental, prévoit d’augmenter la capacité de raffinage de Donges de 50 %. Nantes s’inscrit aussi comme port bananier. Dès le 11 mai 1947, le premier navire bananier a fait son retour sur les quais nantais. Le port, ancienne place forte pour les bananes revient sur son trafic traditionnel. Le retour de la ligne Antilles de la CMA-CGM depuis 2012 est donc un éternel retour. La différence avec la situation de 1947 tient dans la provenance des fruits oblongs. Avant-guerre, ils arrivent de Guinée Conakry, aujourd’hui ils proviennent des Antilles. Enfin, Nantes a été un port de vin en réception depuis l’Algérie pour la desserte, par chalands, de la Sarthe, la Mayenne. À l’époque le fluvial n’est pas un vain mot sur les quais ligériens.