On connaît tous l’expression « oui, mais » qui signifie souvent un non dissimulé ou un oui très atténué, selon qu’on préfère voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Le ministre en charge des transports et de la mer vient d’inventer le « ouf, mais » lors de sa conférence de presse au siège de VNF le 3 septembre. Un « ouf » de soulagement pour les responsables fluviaux français qui ont été rassurés par les déclarations du ministre sur l’avenir de Seine-Nord. Il n’est pas question d’abandonner un financement par un partenariat public-privé, mais simplement de revoir les modalités et surtout la somme à engager. Parce qu’un des points d’achoppement de ce projet est son enveloppe qui ne cesse de croître au fil des mois sans qu’aucun coup de pioche ne soit donné. À chaque fois qu’un politique se penche sur ce projet de canal, l’enveloppe prend quelques millions supplémentaires. Méthodologie de calcul ou nouvelles dimensions à prendre en compte, Seine-Nord pourrait coûter entre 5 Md€ et 6 Md€, contre 4,2 Md€ lors des évaluations du dernier gouvernement. De grâce, ne touchez plus à rien. Si la situation paraît de nouveau bien engagée, il reste un « mais ». Le ministre des Transports et de la mer, Frédéric Cuvillier, a missionné le CGEDD et l’inspection des finances pour une mission d’évaluation. Et si demain cette mission devait conclure que ce projet est trop pharaonique dans une économie en pleine pétrole? Le ministre pourrait bien sacrifier Seine-Nord sur l’autel de l’austérité. Alors, « ouf », une nouvelle étape est franchie mais il en reste bien d’autres avant le premier coup de pioche.
Édito
Le « ouf, mais »
Article réservé aux abonnés