Le 1er juillet 1954, le Journal de la Marine Marchande a publié un dossier sur la manutention portuaire en France. En premier lieu, cette édition revient sur l’aspect économique des volumes manutentionnés au cours de l’année 1953. En France, « les volumes manutentionnés par la main-d’œuvre docker ont décru de 10 % à 28 Mt », note le rapport de l’Union nationale des Industries de la manutention. Un chiffre qui ne prend pas en compte le trafic pétrolier puisque ce courant n’emploie pas de main-d’œuvre, cependant « il constitue plus de la moitié du trafic maritime français et on peut en escompter de nouveaux développements dans le futur. » La baisse générale de trafic est attribuée, selon le rédacteur, aux variations négatives du trafic de charbon.
Du côté social, l’effectif réel des dockers en 1953 est de 17 148 ouvriers, en baisse de 5,9 %. La stabilité du coût de la vie, selon les données publiées par le gouvernement de l’époque, n’a pas empêché les syndicats à revendiquer une augmentation de salaires, de la prime de salissure et l’attribution des primes diverses. Des demandes que l’Unim n’a pas acceptées dans un premier temps puis, à la suite des mouvements du mois d’août 1953, des commissions se sont ouvertes entre les partenaires sociaux, sans qu’un accord ne soit signé. Si des mouvements ont pu déranger l’organisation du travail, « on doit reconnaître que d’une façon générale le climat dans les ports n’a pas donné lieu à des critiques sévères. »
Issu de la loi de septembre 1947, l’organisation du travail est d’ores et déjà à la réflexion d’une refonte. « Cette loi n’est plus en rapport avec les moyens actuels de travail », note le rédacteur du Journal de la Marine Marchande. L’année 1953 a été marquée par les difficultés financières de la Caisse nationale de garantie des ouvriers dockers dues à la baisse des recettes en raison d’une diminution du trafic et de la mécanisation de l’industrie. Parmi les solutions proposées par l’Unim et le conseil d’administration de la Caisse, il est évoqué une réduction des effectifs des dockers professionnels dans certains ports et le renforcement du contrôle des pointages, « voire une refonte complète de la loi de décembre 1947 à reconsidérer les conditions d’attribution et de versement des indemnités de garantie. » Des premières réformes dont les effets sont attendus pour les mois suivants. Pour maintenir cette caisse, l’Unim a accepté l’augmentation de la cotisation payée par les employeurs qui passe de 8 % à 10 %. Une hausse qui ne se fera pas sans difficultés et qui doit déboucher rapidement sur une réforme de ce texte de 1947 déjà décrié. Il faudra attendre 38 ans pour voir l’organisation du travail dans les ports connaître une première réforme, en juin 1992. L’autre volet s’est concrétisé en 2008.