Le ministre a réagi aux propos du président directeur général de Bouygues Construction, Yves Gabriel. Le 29 août, ce dernier a en effet déclaré que le processus d’attribution du partenariat public-privé pour la construction et la maintenance du canal Seine-Nord est suspendu.
C’est ainsi que, dès le 30 août, Frédéric Cuvillier a réagi à ces propos: « Compte tenu du contexte financier international actuel, les candidats semblent rencontrer des difficultés à progresser sur le financement bancaire de leur partie du projet et à stabiliser des annuités acceptables par VNF et l’État », a indiqué le ministère des Transports. Et le gouvernement a décidé de confier au CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable) une mission d’analyse et de proposition portant sur la faisabilité du projet.
Cependant, le 3 septembre, Frédéric Cuvillier s’est voulu rassurant face aux responsables de VNF. « Ni de la part de VNF, ni de la part de l’État il n’y a eu de suspension du dialogue compétitif », a indiqué le ministre. Dans ce dossier, il souhaite voir la participation de l’Europe augmenter. Avec une couverture à hauteur de 6,22 % du coût total estimé à 4,3 Md€ par l’Europe, cette part « n’est pas soutenable et ne permet pas d’être en garantie du financement d’une pareille infrastructure », a continué le ministre en charge des transports et de la mer.
Outre la difficulté de trouver les financements, l’autre sujet qui est revenu depuis cet été sur la table est le coût total de cette infrastructure. La réévaluation à 4,3 Md€ faite par le précédent gouvernement pourrait en fait s’établir entre 5 Md€ et 6 Md€, selon le président de la région Picardie, Claude Gewerc.
Cette affaire semble prendre une tournure politicienne. Le président PS de la région Picardie s’insurge dans la presse régionale d’entendre le patron de Bouygues Construction faire des déclarations péremptoires. « L’appel d’offres a été rédigé avant les élections. À l’époque nous n’entendions pas un bruissement, or depuis le changement de majorité, tout à coup, nous avons droit à des déclarations péremptoires. Nous sommes plutôt dans une attitude politicienne que dans un appel d’offres », s’indigne le président de la Picardie. Et les soutiens à ce projet viennent de tous les bords. Lors d’un entretien sur Europe1, Jean-Louis Borloo, qui se place dans une « opposition constructive », a appelé de ses vœux la réalisation de ce projet et même les évêques du diocèse ont apporté leur soutien dans une déclaration commune.