L’embargo de la Russie sur ses propres exportations a en effet permis au port de La Rochelle d’aller fournir les clients qu’elle a été contrainte de délaisser, comme l’Égypte, le Yémen, la Syrie, l’Arabie saoudite ou la Libye. Pour la campagne suivante, les acteurs portuaires, Sica Atlantique et Socomac, ont compté maintenir ces nouvelles relations commerciales. Mais la campagne a finalement été différente.
En 2011, les rendements des céréales ont été malmenés par la sécheresse et les volumes exportables amputés d’autant. Les exportations rochelaises ont atteint 3 Mt, contre 3,6 Mt l’année précédente, en recul de presque 16 %. Quant à Rochefort-Tonnay-Charente, la baisse est plus marquée encore: de 228 000 t, les sorties sont passées à 170 000 t, soit une baisse de 25 %. La Socomac, cependant, n’enregistre quant à elle qu’une baisse de seulement 3 %, pour des volumes chargés de 1,2 Mt. « Nous avons compensé la faiblesse des rendements par un hinterland plus étendu », indique Jean-François Rabu, son directeur.
La Rochelle s’est recentrée sur ses marchés traditionnels. Ainsi, les pays tiers, qui ont représenté 83 % des sorties de la Sica lors de la précédente campagne, sont revenus à 73 %. « C’est un retour à la normale », observe son directeur général, Vincent Poudevigne. Les navires sont donc repartis vers leurs destinations traditionnelles, Afrique de l’Ouest et Maghreb. Sur les pays d’Afrique, Vincent Poudevigne note la présence de plus en plus marquée de grands meuniers. « À eux seuls, ils représentent presque 900 000 t, indique-t-il. Ce sont des contrats récurrents, avec des clients qui cherchent la régularité en volume et en qualité. »
Les blés durs, dont les sorties sur la campagne 2010-2011 ont été très importantes, se sont maintenus cette année. Quant au maïs, il a quant à lui progressé, passant de 394 000 t à 425 000 t.
La campagne qui vient de démarrer s’annonce plus belle. La sécheresse qui sévit en Amérique du Nord et dans les pays de l’Est laisse présager qu’à nouveau, les pays tiers vont se faire très présents. Déjà, des navires ont été chargés à destination de l’Égypte, du Yémen et du Nigeria, habituellement client des États-Unis. « Ils anticipent les manques à venir », note Vincent Poudevigne.